« Je suis enfant de Dieu, il n’y a pas de programme de vie plus beau que ça ! »
Chers visiteurs, voici l’extrait d’une interview donné au début du mois par Michael Lonsdale au magazine
- Quelle est votre expérience de la prière ?
Vous connaissez le magnifique Récit d’un pèlerin russe. J’ai eu l’occasion de jouer au théâtre ce saint personnage et cette expérience m’a beaucoup marqué. La prière continuelle du pèlerin russe est quelque chose de splendide. Son but est d’être en présence continue avec le Seigneur. C’est très simple et très impressionnant !
- Ce n’est pas donné à tout le monde d’être un mystique !
Prier n’est pas quelque chose de forcément difficile à mettre en œuvre. Je prie comme ça, n’importe où, et je n’ai pas nécessairement besoin de chapelle. Je vois le Christ dans les hommes. Je pense à Jésus, je Le prie. Et j’ai parfois ma « petite extase »… C’est un émerveillement que de penser à Lui, un Être parfait, le Fils de Dieu. Tout d’un coup, on se rend compte qu’il y a sa Parole dont nous pouvons nous nourrir. Car Jésus, ce n’est pas une histoire, c’est la vérité, c’est du vécu !
- Comment vivre sa vie chrétienne ?
Je suis enfant de Dieu. Il est mon Père. Il n’y a pas de programme de vie plus beau que ça ! Tout est axé sur l’amour. C’est l’amour pleinement assumé. Au départ, je n’aimais pas ce moment où Jésus est crucifié… mais j’ai compris finalement qu’il le fallait. Il y a un lien intime entre le sacrifice et l’avènement du Christ. Celui qui détient la vérité, on va Le détruire, et Il revient encore plus fort.
- Le martyre a quelque chose de terrifiant quand même …
Dans le film « Des hommes et des dieux », on voit les moines se préparer à cette échéance. Au départ, ils sont divisés. Finalement, ils acceptent tous. Pendant le tournage, il est arrivé que le metteur en scène pleure. Il disait que ce moment était trop fort. Il laissait la caméra se promener librement sur nos visages et nous permettait de réagir librement. Certains pleuraient, comme Jacques Herlin qui jouait le Frère Amédée.
- Jouer le rôle du Frère Luc, ce devait être impressionnant ?
On dit : l’habit ne fait pas le moine, mais si en fait ! Dès que les acteurs enfilaient l’habit monastique, ils changeaient. Ils devenaient sérieux, ils étaient différents. Jouer le Frère Luc au cinéma, cela a été pour moi un moment délicieux. J’avais à peu près le même âge que lui au moment du tournage. C’était un rôle sur mesure. Pour faire comprendre le sens de sa vie religieuse, on m’a laissé plusieurs fois sortir du texte. J’ai improvisé une tirade sur l’amour avec une petite Algérienne pour lui expliquer le sens de sa consécration. « J’ai eu trois amours dans ma vie… Mais, finalement, c’est un amour plus grand que les autres qui a pris le dessus. »
- Cette ombre de la mort qui plane sur le film n’est-elle pas oppressante et contraire à l’amour ?
Non. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime », comme dit Jésus dans l’Évangile. Le Frère Luc a vécu presque cinquante ans en Algérie. Il a fait son service militaire près d’un grand jardin. Un jour, trois personnes sont venues avec l’intention de le tuer. Le jardinier musulman, responsable du lieu, a pris sa défense. Il s’est interposé en disant qu’il ne fallait pas toucher un homme de Dieu. Résultat ? On a tué le jardinier une semaine plus tard… Ce drame a marqué profondément le Frère Luc.
- La mort semée par les islamistes, est-ce un danger terrible pour l’Occident ?
Demain en France, les musulmans ne vont pas se mettre à courir après les chrétiens pour les tuer ! Cela dit, pour dire les choses comme je les pense, nous assistons à la fin de notre civilisation. Ce qui s’est passé en Égypte, et ensuite en Grèce, risque de se reproduire chez nous. Les Romains ont envahi la moitié du monde et puis, tout d’un coup, ils sont tombés. Cela peut nous arriver.
- La vie de l’Église en France vous paraît-elle à bout de souffle ?
Pas du tout ! Beaucoup de jeunes participent à des rassemblements formidables. J’ai vu tout cela commencer avec le Renouveau charismatique à Paray-le-Monial. C’est Dominique Rey [le futur évêque de Toulon, Ndlr] qui m’avait embarqué là-dedans. J’étais émerveillé. J’ai trouvé ça vivant et vrai.
- Comme le pape François qui fait votre admiration malgré les critiques qu’il endure ?
François met en premier le pauvre et c’est ça qui me touche ! Nous avons une série de papes formidables depuis Pie XII. Il y aura toujours des gens pour mettre le bazar dans l’Église. La division. Mais il ne faut pas les suivre. C’est impossible d’opposer les papes, surtout François et Benoît XVI.