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PERSÉCUTION DES CHRÉTIENS D’ORIENT – UNE PART DE LA CIVILISATION EUROPÉENNE AGRESSEE

Persécution des chrétiens d’Orient – C’est une part de la civilisation européenne qui est agressée

(Lu sur InfoCatho)

Extrait d’une tribune de FigaroVox,  où Matthieu Bock-Coté rappelle que les chrétiens d’Orient sont les gardiens des racines spirituelles de l’Occident, qui ne peut continuer à se montrer indifférent à leur éradication.

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Le monde occidental s’est habitué depuis longtemps à la persécution des chrétiens d’Orient, comme si leur mauvais sort était inévitable et qu’il fallût s’y résoudre. Le christianisme serait destiné à mourir ou à n’avoir plus qu’une existence résiduelle dans ce qui fut pourtant son berceau. Alors qu’ils sont enracinés depuis deux millénaires dans la région, les chrétiens sont présentés par les islamistes comme des envahisseurs ou comme des agents de l’étranger, souillant une terre qui devrait être vouée exclusivement à l’islam. Dans nos sociétés, ceux qui se soucient de leur sort sont même soupçonnés d’accointances avec l’extrême droite (…)

C’est ainsi qu’on transforme la révolte devant un massacre à grande échelle en lubie réactionnaire.

Mais la frappe sauvage contre deux églises coptes en Égypte ce dimanche rappelle à ceux qui s’en fichent que la guerre d’éradication menée contre les chrétiens d’Orient est bien réelle et n’a rien de fantasmatique( …)

Aujourd’hui, les chrétiens d’Orient se sentent abandonnés, surtout lorsqu’ils refusent de quitter une région du monde dans laquelle ils sont enracinés.

Il faut avoir une vision complète de cette entreprise funeste. (…) Il s’agit, pour les islamistes, d’effacer les traces de ce qui est étranger à l’islam, comme si son règne ne pouvait souffrir le simple rappel que des hommes, autrefois et en ces mêmes lieux, ont vénéré d’autres dieux ou ont entretenu une autre foi. Comment ne pas voir là une forme de nihilisme effrayant, une jouissance exterminatrice, une ivresse destructrice ? L’islamisme le plus radical ne veut pas faire disparaître seulement les hommes mais jusqu’au souvenir des hommes.

La guerre contre la mémoire est l’expression décomplexée de la barbarie. (…)

Mais dans le cas des chrétiens, il s’agit aussi de chasser un peuple, comme s’il ne suffisait plus de le soumettre. On sait qu’en moins d’un siècle les chrétiens d’Orient ont vu leur poids démographique diminuer comme jamais dans cette région. Un jour, ils n’auront plus qu’une présence résiduelle et seront condamnés à raser les murs. Malgré l’indifférence officielle des Occidentaux, le sort des chrétiens d’Orient touche les plis les plus intimes de ce qu’on pourrait appeler notre conscience de civilisation, et ceux qui, d’une manière ou d’une autre, se mobilisent pour eux rappellent les exigences éthiques les plus élevées de l’engagement civique.

Les chrétiens d’Orient sont les témoins des origines d’une religion, dont ils conservent la mémoire à travers une liturgie aussi diverse que splendide. Si on veut le dire autrement, ils sont conservateurs des origines vivantes d’une religion qui a ensuite fécondé l’Europe au point de transformer son être historique. Nul besoin d’être soi-même croyant pour le reconnaître.

C’est une part d’elle-même (la civilisation européenne) qui est agressée quand on s’en prend à eux. Elle devrait se sentir une forme de proximité existentielle avec eux, en sachant qu’une part de ses origines se trouve à l’extérieur d’elle-même.

L’élan spirituel qui un jour l’a fécondée et lui a donné son génie spécifique vient d’un monde à peu près englouti dont ils sont les derniers gardiens. Cela implique toutefois que l’Europe reconnaisse enfin sa marque chrétienne ou, plus exactement, qu’elle ne cherche plus à la gommer comme s’il s’agissait d’une tache existentielle l’empêchant de se projeter pleinement dans l’universel. Cela implique que l’Europe n’imagine plus qu’elle doive se construire en se déconstruisant.

La civilisation européenne devrait savoir que dans son rapport aux chrétiens d’Orient et dans sa réaction par rapport à leur persécution, elle joue aussi son âme.



LA FOI CHRETIENNE ET L’EUROPE

A l’heure où l’Eglise catholique de France est affaiblie par la désaffection de certains de ses enfants et par les attaques insidieuses menées sous couvert de laïcité, alors que la paix mondiale est menacée par la folie assassine de soi-disant « soldats de Dieu », il est bon de rappeler un texte que Saint Jean Paul II écrivait en 1999, lors du choix de Sainte Brigitte de Suède en qualité de co-patronne de l’Europe.

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2016_07_23_logo-vatican« La foi chrétienne a façonné la culture du continent européen et a été mêlée de façon inextricable à son histoire, au point que celle-ci serait incompréhensible sans référence aux événements qui ont caractérisé d’abord la grande période de l’évangélisation, puis les longs siècles au cours desquels le christianisme, malgré la douloureuse division entre l’Orient et l’Occident, s’est affirmé comme la religion des Européens eux-mêmes

     La route vers l’avenir ne peut pas ne pas tenir compte de ce fait ; les chrétiens sont appelés à en prendre une conscience renouvelée afin d’en montrer les potentialités permanentes. Ils ont le devoir d’apporter à la construction de l’Europe une contribution spécifique, qui aura d’autant plus de valeur et d’efficacité qu’ils sauront se renouveler à la lumière de l’Évangile. Ils se feront alors les continuateurs de cette longue histoire de sainteté qui a traversé les diverses régions de l’Europe au cours de ces deux millénaires, où les saints officiellement reconnus ne sont que les sommets proposés comme modèles pour tous. Il y a en effet d’innombrables chrétiens qui, par leur vie droite et honnête, animée par l’amour de Dieu et du prochain, ont atteint, dans les vocations consacrées et laïques les plus diverses, une sainteté véritable et largement diffusée, même si elle était cachée. L’Église ne doute pas que ce trésor de sainteté soit précisément le secret de son passé et l’espérance de son avenir…

     C’est pourquoi, complétant ce que j’ai fait quand j’ai déclaré co-patrons de l’Europe, aux côtés de saint Benoît, deux saints du premier millénaire, les frères Cyrille et Méthode, pionniers de l’évangélisation de l’Orient, j’ai pensé compléter le cortège des patrons célestes par trois figures également emblématiques de moments cruciaux du deuxième millénaire qui touche à sa fin : sainte Brigitte de Suède, sainte Catherine de Sienne, sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix. Trois grandes saintes, trois femmes qui, à des époques différentes –- deux au cœur du Moyen Âge et une en notre siècle –- se sont signalées par l’amour actif de l’Église du Christ et le témoignage rendu à sa croix.

(St Jean Paul II – Motu proprio  « Spes aedificandi » 01/10/1999)

http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/motu_proprio/documents/hf_jp-ii_motu-proprio_01101999_co-patronesses-europe.html