HOMÉLIE DOMINICALE

2e dimanche de l’Avent C

09 décembre 2018

(Homélie du père Charles André Sohier, prêtre ermite)

Chaque jour les médias,  les ondes sonores ou télévisées, enveloppent notre planète d’un manteau de tristesse : accidents, morts, corruptions, chômage, violences. Et chacun de nous, personnellement, possède aussi sa robe de soucis, d’échecs et de péchés. C’est vraiment le temps, alors, de laisser résonner en nos cœurs la parole d’espérance du prophète Baruch : « Quitte ta robe de tristesse, revêts la parure de la gloire de Dieu »!

L’Avent est le moment d’oublier les larmes et de s’en venir dans « l’allégresse ». De prier, comme saint Paul, dans la joie. Mais quelle est la source de cette joie ? Quelle est la raison de cette fête ?

C’est que Dieu est à l’œuvre, toujours. Il ramenait les captifs de leur exil. Il adressait sa Parole dans le désert à Jean Baptiste. Aujourd’hui, Il est là, au travail. Il vient nous sauver, il vient nous réjouir.

Le monde ne peut pas se terminer dans l’échec, ni l’homme finir dans une impasse. Luc a construit sa page d’évangile aujourd’hui pour montrer que l’initiative de l’histoire n’appartient pas aux « princes » qui nous gouvernent : Tibère, Ponce Pilate, Philippe, Lysanias, Anne, Caïphe… Non ! Ce ne sont pas eux qui ont marqué l’histoire, c’est Jean Baptiste, le marginal, l’homme du désert sur qui est tombée la Parole de Dieu. Quel contraste ! Il y a les « puissants » qui ne laisseront aucune trace dans l’avenir de l’humanité. Et il y a ce « petit » qui se laisse saisir par un dynamisme caché qui va soulever le monde.

Dieu me demande de participer à ce monde nouveau qu’il est en train de créer : « Préparez le chemin ». Jadis, en Orient, pour recevoir un illustre personnage, on ouvrait pour lui une belle route. Or Dieu ne cesse de venir vers nous. Il nous faut donc, pour le recevoir dignement,  dégager les rocailles de nos sentiers intérieurs. Cela veut dire en clair : « Changez vos cœurs ». Comment ? D’abord en osant espérer, en refusant le découragement. Vous dites parfois que vous n’y pouvez rien à toutes ces robes de tristesse qui enveloppent notre humanité. Eh bien ne rêvez pas : si vous ne pouvez pas changer le monde, vous pouvez changer vos cœurs. Il y a des montagnes d’égoïsme, des collines de paresse, des ravins d’injustice, des passages tortueux de mensonges… en vous. Préparez donc la route du courage par laquelle Dieu vient à vous. Quand Luc décrit l’irruption de Dieu « sur » Jean Baptiste, il date avec précision ces événements : « L’an quinze du règne de Tibère… » Comme si on disait : « L’an deux de la présidence d’Emmanuel Macron, Donald Trump étant président des USA, sous le pontificat François Ier… la Parole de Dieu tomba sur un pauvre homme complètement inconnu qui vivait au désert. Et c’est de lui, l’homme de la Parole et de la prière, qu’est sorti le tournant du troisième millénaire.

Une des raisons de nos découragements, c’est que nous comptons toujours sur les « grands de ce monde » (voire de l’Eglise !), et que nous ne savons pas discerner les germes cachés du monde nouveau, tous les Baptistes d’aujourd’hui, qui invitent les hommes et les femmes à changer la vie.