HOMÉLIE DOMINICALE

Dimanche 11 mars 2018

4ème dimanche du Carême – B

( Homélie du Père Yvon-Michel Allard, directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada)

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« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique »

Il existe dans l’histoire des moments de hautes valeurs religieuses et humaines. La rencontre de Jésus avec Nicodème est l’un de ces moments. Le Christ révèle au pharisien en recherche de vérité que «Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique, afin que celui qui croît en lui ne meure pas mais ait la vie éternelle».

Dieu aime notre monde, il nous aime malgré nos violences, nos injustices, nos faiblesses et nos péchés. «Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.»

L’humanité est malade et sous l’emprise des forces du mal et de la mort : guerres, destruction, violence.  Mais il existe une autre force, une force de vie qui unit au lieu de diviser, apaise au lieu d’angoisser, guérit au lieu de blesser. Cette force nous invite à plus de justice, de paix et de fraternité.

«Dieu a tant aimé le monde». Ces quelques paroles expriment tout le message chrétien de la rédemption. Paul Claudel écrivait : «Nous ne sommes pas chrétiens parce que nous aimons Dieu mais parce que nous croyons que Dieu nous aime».

Nous savons que nous ne pouvons-nous en sortir seuls et plus nous vieillissons, plus cette vérité devient évidente. Je ne sais si vous avez déjà vu dans un film où une personne essaie, de ses propres forces, de se  sortir des sables mouvants. Plus elle se débat, plus les sables l’attirent vers le gouffre. Seule une main extérieure, peut l’aider à s’en sortir. Nous vivons tous dans des sables mouvants et la main de Dieu est notre seule perche de secours.

Albert Camus, dans son célèbre roman  « La peste » décrit l’état misérable et fatal de l’être humain.  Il utilise la peste comme métaphore pour indiquer le mal qui se cache en nous : «Je sais… que chacun de nous la porte en son cœur cette peste et que personne, non personne n’est immunisé.» Dans les Écritures, Dieu est souvent présenté comme le «médecin» qui peut nous guérir de cette maladie mortelle.

De nos jours, nombreux sont ceux qui ressentent une sorte de pessimisme vis-à-vis le mal dans notre univers : «le monde est pourri… il n’y a rien à y faire : violences, prises d’otage, égoïsmes collectifs, fraudes gigantesques, dépravation morale, drogue, guerres»… Nous avons parfois l’impression que le monde traverse une époque glaciale où manque la chaleur de l’amour. Mais l’amour de Dieu est toujours présent dans ce froid hivernal.

Grâce à son fils et à l’Esprit Saint, le Père veut redonner à notre monde une vie nouvelle, nous permettre de passer des ténèbres à la lumière, du péché à la grâce, de la haine à l’amour, de l’incrédulité à la foi, du découragement à l’espérance, de la mort à la vie.

Nicodème qui rencontre le Seigneur pendant la nuit est un chercheur de Dieu. Étant membre du Sanhédrin, il défendra Jésus lors du procès du vendredi saint et, après la mise à mort sur la croix, il l’ensevelira dans une tombe toute neuve. Ce chercheur de la lumière dans la nuit de ses peurs et de ses doutes, a pressenti une lueur d’espoir en Jésus.

Chaque dimanche la communauté chrétienne se rassemble pour se rappeler le projet de Dieu. Chaque dimanche, Dieu nous invite à accepter son amour, à agir comme lui pour donner à notre monde plus de joie, de paix et d’amour. Être disciple du Christ, c’est essayer de marcher derrière lui, de suivre son exemple, d’agir comme il l’a fait lui-même. Saint Paul disait aux Éphésiens «Montrez-vous bons et compatissants les uns envers les autres, vous pardonnant mutuellement, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ».

Le message du Carême est un message d’espérance : notre vie n’est pas un voyage sans but  et sans espoir. Notre vie n’est pas une «passion inutile», comme l’affirmait Jean-Paul Sartre. Autour du pain et de la parole de Dieu, nous nous rassemblons chaque dimanche pour célébrer notre espérance chrétienne : «Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique afin que celui qui croît en lui ne meure pas mais qu’il ait la vie éternelle»