HOMÉLIE DOMINICALE

(Homélie du Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.)

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L’Esprit Saint viendra sur toi et il te prendra sous son ombre

Dans la première lecture d’aujourd’hui, David veut construire un temple à Jahvé : «J’habite dans une maison de cèdre, et l’arche de Dieu habite sous la tente.» Mais un peu plus loin dans le texte, nous voyons que Dieu refuse. «Est-ce toi qui me construira une maison pour que j’y habite?» … Dieu ne veut pas se laisser enfermer dans un temple de pierre. David aimerait offrir à Dieu une demeure stable, un espace sacré, alors que le Seigneur se veut nomade avec son peuple, il veut l’accompagner partout où il se trouve.

Le mystère de l’Incarnation n’est pas simplement un anniversaire de naissance. C’est une invitation à partager la vie même de Dieu dans notre vie de tous les jours.

La fête de Noël nous révèle que le temps où l’on cherchait Dieu sur les sommets, dans les nuages, dans les sanctuaires, dans les rites et les sacrifices est fini. Fini le temps des ziggurats, des pyramides, le temps où les hommes multipliaient les efforts pour s’élever jusqu’à Dieu (Tour de Babel). Ce n’est pas nous qui devons monter pour nous approcher de Dieu, c’est Dieu qui descend et vient habiter chez-nous.

À Noël, nous célébrons le Dieu qui se cherche une demeure. Le contraste entre le projet de David et celui de Marie devient évident. Marie reçoit Dieu dans son humble maison de Nazareth et lui permet d’habiter en elle. Elle devient alors la nouvelle arche d’alliance, le nouveau temple de Dieu. Saint Paul pourra écrire sans hésitation aux chrétiens de Corinthe: «Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit habite en vous? Le temple de Dieu est sacré, et ce temple, c’est vous !» (1 Co 3, 16-17).

Luc, dans son évangile, utilise l’image de la «nuée», de «l’ombre», de la «shekinah», signe de la présence de Dieu. «L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre». Dans le livre de la Genèse, au début de la création, l’Esprit planait sur les eaux pour afin de donner la vie (Gen 1, 2). L’Esprit qui vient sur Marie, le jour de l’Annonciation, engendre maintenant une nouvelle création.

En cette fête de Noël, Dieu cherche un endroit où habiter. Espérons que nous ne soyons pas obligés de constater que chez-nous, comme à Bethléem, «il n’y a pas de place pour lui dans notre auberge». Dieu ne veut pas être mis à part, être enfermé dans un lieu sacré. Il préfère vivre dans la confusion de nos vies quotidiennes.

La venue de Dieu n’a rien «d’une visite officielle» comme celles que font les grands de ce monde qui se rendent en secret en Irak ou en Afghanistan, entourés de centaines de soldats et de nombreux garde du corps. Ces dirigeants n’ont aucun contact avec les gens du peuple qui souffrent de la violence, de la peur, de l’angoisse, de la pénurie d’eau, de denrée, de médicaments et d’électricité. Quand il vient à Noël, Jésus n’est pas entouré de gardes du corps et de grandes mesures de sécurité. Il entre dans notre monde en clandestin, en sans-papier. Il veut être près de nous pour savoir exactement ce qui se passe dans nos maisons et dans nos cœurs. Il n’a pas besoin d’itinéraires prédéterminés «pour motif de sécurité». Dieu ne fuit pas les difficultés de la vie. Il est simplement l’un de nous. Il s’invite dans nos maisons, comme il le fit chez Marie. Nous pourrons alors le conduire un peu partout, dans le vrai monde, particulièrement chez ceux et celles qui souffrent, chez ceux et celles qui ont le plus besoin de notre aide : les malades, les personnes âgées, les jeunes aux prises avec des problèmes de drogues, les sans travail, les sans foyer, les personnes seules, etc. C’est ce qui s’est passé avec Marie. Une fois qu’elle eut prononcé son « fiat » («qu’il me soit fait selon ton désir»). Elle quitta son village «en hâte» pour visiter sa cousine Élizabeth qui, elle aussi était enceinte, et avait besoin d’assistance. Marie voulait ainsi partager sa grande joie d’être devenue le temple de Dieu.

La liturgie de ce quatrième dimanche de l’Avent pourrait s’intituler: «Dieu cherche une maison !» Luc constate «qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’auberge»… et saint Jean ajoute : «Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu». Chez Marie, le Seigneur a trouvé un accueil chaleureux : «Que tout se passe pour moi selon ta parole». Espérons qu’il en soit ainsi chez-nous en cette fête de Noël.

Le mystère de l’Incarnation n’est pas simplement un anniversaire de naissance. C’est une invitation à partager la vie même de Dieu dans notre vie de tous les jours.