HOMÉLIE DOMINICALE

Dimanche 10 décembre 2017

Deuxième dimanche de l’Avent

 (Homélie du Père Yvon-Michel Allard, directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada).

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« Préparez le chemin du Seigneur! »

Les trois lectures de ce deuxième dimanche de l’Avent nous invitent à bien nous préparer à la venue du Seigneur. Isaïe souligne le besoin  «d’aplanir le chemin, de combler les ravins, de redresser les passages tortueux», Pierre et Jean Baptiste ajoutent qu’il est important de «convertir notre cœur». Il nous faut «embellir» notre maison pour bien accueillir le Seigneur. Qu’est-ce que nous pourrions changer pour être plus fraternel, plus chrétien, plus humain ?

Jean n’est pas allé au désert pour s’assoir en silence. Il a vécu une conversion profonde et il invite les autres à en faire autant. Il sait que le contact avec Dieu peut transformer notre vie et nous redonner la joie et l’espérance.

Le désert peut prendre des formes différentes : un lieu retiré où il devient possible d’entendre ses voix intérieures, une église et sa communauté chrétienne qui nous invitent au recueillement et au partage, un groupe de réflexion où l’on construit avec d’autres notre vision du monde, un site Internet qui ouvre des nouveaux horizons et nous met en contact avec d’autres chercheurs de sens, une œuvre d’art ou une pièce musicale qui nous amène à aller plus loin au dedans de nous-mêmes, etc… Le désert est l’endroit qui nous permet de diminuer le volume des bruits discordants qui nous agressent de toutes parts. C’est l’environnement qui nous met en position d’écoute, de veille et d’attente.

Toutes les attentes ne sont pas bénéfiques et certaines ne servent à rien. Dans la très belle pièce de théâtre de Samuel Becket : « Waiting for Godot » (En attendant Godot) quelques personnes sont assises par terre et parlent, pendant toute la pièce, de la venue prochaine de Godot. Ils soulignent l’importance de sa venue. Vers la fin, quelqu’un entre et leur dit que Godot est arrivé dans le village voisin. L’un des personnages s’exclame : «il faut aller le retrouver…» mais personne ne bouge. Ils restent assis et continuent à parler pendant que le rideau tombe et que la pièce prend fin. Une telle attente passive, remplie de verbiage vide, ne sert absolument à rien, dit Becquet.

Il existe une autre sorte d’attente, qui met les gens sur pied et provoque l’engagement, la planification constructive, l’espérance ouverte sur l’avenir, et la joie communicative. C’est, par exemple, l’attente de parents qui se préparent à la naissance d’un enfant. Ils peignent la chambre, trouvent un berceau et un petit lit, décorent les murs, achètent des vêtements pour l’enfant qui va naître, se réjouissent avec leurs parents et leurs amis. Ils font tout pour que cette naissance soit célébrée dans la joie. C’est un modèle de l’attente dont parle l’évangile.

Noël, est la plus grande fête de l’année. Il faut bien la préparer. C’est la fête de la venue de Dieu parmi nous : «Préparez les chemins du Seigneur, aplanissez sa route». Sans cet effort, nous risquons de nous laisser prendre par le clinquant des grands magasins et de rater complètement la venue du Seigneur. Comme le dit Jean baptiste, Dieu viendra chez-nous si nous lui préparons le chemin. Dans notre pays de froid, de glace et de neige, nous savons que préparer une route demande beaucoup de travail. Pendant toute la période d’été, les programmes de réparation se multiplient à travers le pays, afin de remettre les routes en bonne condition avant que la neige ne recouvre le sol.

Sur la route de notre vie, le temps a multiplié les trous, les bosses, les nids de poule. Il y a des courbes trop raides et des dénivellations trop accentuées. Il s’agit donc de redresser, aplanir, réparer, illuminer, repaver. Nous sommes invités aujourd’hui à regarder notre vie pour voir ce qui doit être amélioré ou refait à neuf, afin de permettre au Seigneur d’arriver jusqu’à nous. Qu’est-ce que nous pourrions changer pour être plus fraternel, plus chrétien, plus humain ?

L’Avent est un temps d’attente, de préparation, de conversion. Il s’agit de tourner le dos au passé et de miser sur le présent et sur l’avenir, de changer la vision que nous avons de nous-mêmes, afin de devenir meilleurs. C’est une affaire de cœur. C’est une invitation à «préparer les chemins du Seigneur».