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HOMÉLIE DOMINICALE

Dimanche 8 avril 2018

2ème  Dimanche de Pâques – B

(Homélie du Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.)

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« Jésus vint, et il était là au milieu d’eux« 

Jésus ressuscité se manifeste «le dimanche», le premier jour de la semaine. Les chrétiens ne se réunissaient pas tous les jours. Ils avaient eux aussi, leur travail, leur vie quotidienne. Ils ne pouvaient pas toujours être ensemble. Or, c’est dans le cadre de leur «rencontre hebdomadaire» que Jésus vient. Ceci nous indique que la foi n’est pas une affaire strictement personnelle, ou individuelle. La présence du Christ ressuscité est surtout ressentie, expérimentée, dans le cadre de nos rencontres communautaires, lorsque nous sommes réunis en Église.

On ne peut vivre sa foi seul : la foi a besoin de se nourrir de la parole de Dieu et de s’alimenter de la foi des autres. Ils se rencontrent mais ils ont peur. Au moment où saint Jean écrit son évangile, c’est toujours un temps de persécution. Les disciples ont pris l’habitude de se réunir tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre. Ils s’accueillent, mais il y a des défections, des gens qui abandonnent le groupe. Ils verrouillent leurs portes. Mais voici que chaque dimanche, se renouvelle le «signe» du Cénacle. Mystérieusement, le Christ se glisse parmi les siens, dans le lieu où ils se rassemblent, à Éphèse, Antioche, Corinthe, Jérusalem, Rome. Chaque dimanche, c’est Pâques! «Tu es là, au cœur de nos vies, et c’est Toi qui nous fais vivre.» L’Église c’est d’abord et avant tout la réunion d’hommes et de femmes au milieu desquels le Christ ressuscité se rend présent.

La première parole du Christ après sa résurrection est une parole de paix, une parole qui, comme un refrain, revient régulièrement dans le texte d’aujourd’hui : «la paix soit avec vous». Le premier don du ressuscité, c’est le don de la paix qui chasse la crainte et le doute : «Shalom». Cette paix n’est pas celle du monde, c’est la paix confiée comme un héritage précieux le soir du jeudi saint : «C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne»…

La présence du Seigneur provoque la joie. La joie de la résurrection est celle qui vient après la peur, après la souffrance, après le doute. La joie pascale, la joie chrétienne, n’est pas une joie facile, spontanée, ce n’est pas celle qui nous éprouvons quand tout va bien, quand la santé est bonne, quand la jeunesse est là, pleine de vitalité, quand nos entreprises réussissent, quand nos relations amicales et familiales sont agréables. La joie de la résurrection, c’est celle qui vient «après»… après l’angoisse, après la crise! C’est la joie et la paix qui remontent d’une situation désespérée (la mort d’un crucifié!) et que rien ne pourra faire disparaître : c’est la joie des disciples d’Emmaüs après le découragement de la mort du Christ.

Bien sûr, nous avons tous nos peurs. Peur de Dieu, peur des autres, peur de souffrir, de manquer d’argent, de ne pas être à la hauteur, de vieillir, de mourir. La liste de nos peurs est longue, trop longue, et ces peurs nous empêchent d’être heureux et de connaître la joie. Le Christ nous dit ce matin : «N’ayez pas peur, ayez confiance en moi. J’ai vaincu la pire des peurs : celle de la mort»

La présence du Christ nous rassemble malgré nos divergences, malgré nos différences. La communauté chrétienne est ouverte aux gens de toutes les couleurs, de tous les partis politiques, de toutes les ethnies, de toutes les langues. C’est le contraire de la tour de Babel. Saint Paul dira : «Parmi vous, il n’y a ni Grecs ni Juifs, ni hommes ni femmes, ni esclaves ni hommes libres».

Lors de cette première rencontre du Christ avec ses disciples, il leur donne une vie nouvelle : «il répandit sur eux son souffle et il leur dit: Recevez l’Esprit Saint», le souffle de vie. Le don de l’Esprit, rappelle le texte de la création d’Adam et Ève quand l’Esprit de Dieu leur insuffla la vie. Il s’agit d’une «création nouvelle»Nous sommes, renouvelés, recréés

«Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis.» Ces paroles sont adressées à l’ensemble des disciples du Christ. C’est un appel à nous libérer mutuellement en nous pardonnant les uns les autres : «De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie». Nous sommes désormais les messagers de sa «miséricorde divine»! «Tous ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leurs seront remis.» Nous sommes investis de la même mission que celle de Jésus : «L’Esprit de Dieu repose sur moi, l’Esprit de Dieu m’a consacré, il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer une année de bienfaits de la part de Dieu, libérer les captifs ». Nous sommes porteurs de cet Esprit libérateur qui donne la vie.

A l’heure où un très grand nombre de baptisés ne fréquentent plus les églises, nos rassemblements dominicaux sont importants et nous permettent d’entretenir et vivifier notre foi de croyants! On ne peut vivre sa foi seul : la foi a besoin de se nourrir de la parole de Dieu et de s’alimenter de la foi des autres. Alors qu’ils étaient réunis pour célébrer l’eucharistie, «Jésus vint, et il était là au milieu d’eux.»



LA CONVERSION DE L’IMAM SULAIMAN MAULAVI

Chers visiteurs, faisant suite à la fête de Pâques célébrant la résurrection de Jésus Christ, voici le récit d’une étonnante conversion, puisé pour vous sur https://www.islam-et-verite.com. Sous l’interview écrit, nos lecteurs anglophones pourront visionner une vidéo du témoignage.

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Mario Joseph était imam à 18 ans, il est devenu chrétien et son père a essayé de le tuer. Aujourd’hui, il est prédicateur catholique en Inde. Sa conversion au christianisme a entraîné sa condamnation à mort.

Dans le cimetière indien de son village, il y a une pierre tombale avec son nom et, dessous, un cercueil avec une sculpture en argile de sa taille. Son père lui a dit: « Si tu veux être chrétien, je dois te tuer ». Mais la tombe est vide. Et Mario Joseph est bien vivant. Lartaun de Azumendi a pu l’interviewer sur la radio espagnole Cope :

  • Mario Joseph, vous aviez 18 ans et vous étiez un religieux musulman. Que s’est-il passé pour que votre regard ait changé ainsi ? : J’étais le troisième de six enfants, et j’avais 8 ans quand mon père m’a envoyé dans une école coranique pour devenir imam. Après dix années d’études, à 18 ans je suis devenu imam. Un jour que je prêchais à la mosquée que Jésus-Christ n’était pas Dieu, une personne présente m’a dit de ne pas dire cela et m’a demandé qui était Jésus-Christ. N’ayant pas de réponse à donner, je me suis mis à lire le Coran d’un bout à l’autre, et là j’ai découvert que, au chapitre 3, il est question de Jésus, souvent cité sous le nom de Jésus-Christ, et qu’au chapitre 19, on parle de Marie. Dans le Coran, Marie est le seul nom de femme qui apparaît, et il est dit que Jésus est la Parole de Dieu.
  • Vous viviez en Inde dans une zone musulmane? : Oui. A majorité musulmane et hindoue, il n’y a pratiquement pas de chrétiens.
  • Et à partir de ce doute qui s’est emparé de vous pendant que vous prêchiez, comment a commencé le processus de votre conversion? : Dans le Coran, il est dit que Mahomet est mort, mais que Jésus-Christ est toujours vivant. Quand j’ai lu ceci, j’ai pensé, alors… lequel dois-je accepter, celui qui est mort, ou celui qui est vivant? J’ai demandé à Allah lequel je devais accepter, et j’ai commencé à prier afin qu’il m’aide, et quand j’ai commencé à prier, j’ai ouvert le Coran ; et le Coran, au chapitre 24 verset 10, dit que si tu es en doute sur le Coran, interroge la Bible. J’ai donc décidé d’étudier la Bible. C’est alors que j’ai compris qui est le Dieu véritable et, à partir de là, j’ai embrasé le christianisme.
  • Vous le racontez de façon très naturelle tout en sachant la situation que vous pouviez vivre si vous l’acceptiez. Que s’est-il passé avec votre entourage? : Lorsque je me suis converti, je suis allé dans un centre de retraite et ma famille a commencé à chercher. Ils m’ont trouvé là. Mon père m’a frappé durement et m’a emmené à la maison. Quand nous sommes arrivés, il m’a enfermé dans une pièce, m’a attaché les mains et les pieds, m’a déshabillé, m’a frotté les yeux, la bouche et le nez avec des substances piquantes, et m’a laissé là sans nourriture pendant 28 jours. Passé ce laps de temps, mon père est venu et m’a saisi par le cou pour voir si j’étais vivant. J’ai ouvert les yeux et j’ai vu qu’il avait un couteau dans sa main. Il m’a demandé si j’acceptais Jésus et m’a dit qu’il me tuerait si je l’acceptais. Je savais que mon père allait me tuer, car c’est un musulman très dur, j’en étais convaincu. Je lui ai dit que j’acceptais Jésus-Christ et, à ce moment-là, une lumière très puissante a frappé mon esprit et m’a donné la force de crier de toutes mes forces: Jésus! C’est alors que mon père est tombé et que le couteau qu’il tenait à la main s’est fiché dans sa poitrine, lui occasionnant une grande coupure. Il a commencé à saigner bondamment, tandis que de l’écume sortait de sa bouche. Ma famille, craignant pour lui, l’a emmené à l’hôpital et ils ont oublié de fermer la porte. J’ai ainsi pu sortir et prendre un taxi pour aller au centre de retraites où ils m’avaient pris, et je suis resté caché là.
  • Il semble incroyable que vous ayez eu la force physique pour sortir et vous rendre à ce centre d’accueil catholique …: Bien qu’affaibli et n’ayant que la peau sur les os, cette lumière m’a fait reprendre des forces et une santé que je ne savais pas d’où elle venait. Cependant, je subis encore les séquelles de ce châtiment, car j’ai un ulcère de l’estomac et des ulcères dans la bouche.
  • Une histoire qui porte l’empreinte de Dieu. Il n’est pas normal qu’on puisse sortir ainsi renforcé . Cela s’est passé il y a combien de temps? : Il y a 18 ans. La souffrance m’accompagne encore car il est écrit dans le Coran, en plus de 18 endroits, que celui qui rejette le Coran, il faut l’éliminer.
  • Depuis, vous n’avez plus revu votre père? : Je ne suis pas retourné dans mon village. Jamais plus je n’ai foulé ma terre. Mieux encore, je suis enterré là-bas parce que mes parents ont construit une pierre tombale, avec mon nom et le jour où je suis né.



« RESURRECTIOTHERAPIE »

Mais comment font-ils ? Ceux qui ne croient en rien. Ceux qui n’ont pas la foi en un Dieu qui nous sauve (Ou, plus exactement, qui nous a déjà sauvés parce qu’Il aime chacun d’entre nous).

Comment font-ils pour survivre ? A cette grisaille humaine qui n’en finit pas. Aux longs mois que nous venons de passer et que nous subissons encore, mois de déconstruction et de déchirements politiques, d’ambitions égotiques dans notre pays, de quasi-chaos dans la moitié du reste du monde.

Qu’ont-ils pour n’être pas en désespérance ? Les antidépresseurs ? Comme les antibiotiques ils finissent par ne plus faire d’effet ! La nature ? Il est vrai que le printemps invite à la renaissance et qu’un peu de méditation pieds nus dans l’herbe peut apaiser mais, même si on la fume, l’herbe ne console pas durablement !

Alors que nous les cathos, purifiés par un bon Carême, recentrés sur l’essentiel, certains d’être aimés, sauvés, certains aussi que le monde est conduit à sa bienheureuse finalité, n’est-il pas vrai que nous rayonnons tout illuminés que nous sommes de la joie pascale ? Exemples de sereine confiance dans le Créateur et dans le Sauveur, n’avons-nous pas laissé derrière nous chagrins, inquiétudes, angoisses, tristesses, critiques, récriminations, rancœurs et conflits ? Véritables lumières dans le monde, ne sommes-nous pas ceux vers qui on va pour recevoir certitudes, consolations, joie et amour ? Nos visages tout illuminés ne sont-ils pas invitations au Christ ? Les cathos ne sont pas mieux que les autres ! dit le ronchon.

Gageons que si, au moins pendant le temps pascal. Allons, nous tous ! Décidons de rester dans la joie pascale et devenons, pour ce monde malade, christothérapeutes.

Extrait d’un texte de «Pasquin » rédigé le 22 avril 2017 dans l’ « Humeur » de http://www.hommenouveau.fr



Homélies des Dimanches et Fêtes

Homélie du Pape FRANCOIS

Messe de Pentecôte

Dimanche 15 mai 206

«Je ne vous laisserai pas orphelins» (Jn 14, 18).

La mission de Jésus, culminant dans le don de l’Esprit Saint, avait ce but essentiel: Rétablir notre relation avec le Père, abîmée par le péché; nous arracher à la condition d’orphelins et nous rendre celle de fils.

L’apôtre Paul, écrivant aux chrétiens de Rome, dit: «Tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils; et c’est en lui que nous crions “Abba!”, c’est-à-dire: Père!» (Rm 8, 14-15). Voilà la relation renouée: la paternité de Dieu se rétablit en nous grâce à l’œuvre rédemptrice du Christ et au don de l’Esprit Saint.

L’Esprit est donné par le Père et nous conduit au Père. Toute l’œuvre du salut est une œuvre de ré-génération, dans laquelle la paternité de Dieu, au moyen du don du Fils et de l’Esprit, nous libère de l’état d’orphelins dans lequel nous sommes tombés. À notre époque aussi nous rencontrons différents signes de notre condition d’orphelins: cette solitude intérieure que nous éprouvons même au milieu de la foule et qui parfois peut devenir tristesse existentielle; cette prétendue autonomie par rapport à Dieu qui s’accompagne d’une certaine nostalgie de sa proximité; cet analphabétisme spirituel diffus à cause duquel nous nous retrouvons dans l’incapacité de prier; cette difficulté à percevoir comme vraie et réelle la vie éternelle, comme plénitude de communion qui germe ici-bas et s’épanouit au-delà de la mort; cette difficulté pour reconnaître l’autre comme frère, en tant que fils du même Père; et d’autres signes semblables.

À tout cela s’oppose la condition de fils, qui est notre vocation originaire, elle est ce pour quoi nous sommes faits, notre plus profond ADN, mais qui a été abimé et qui, pour être restauré, a demandé le sacrifice du Fils Unique. Du don immense d’amour qu’est la mort de Jésus sur la croix, a jailli pour toute l’humanité, comme une immense cascade de grâce, l’effusion de l’Esprit saint. Celui qui s’immerge avec foi dans ce mystère de régénération renaît à la plénitude de la vie filiale.

«Je ne vous laisserai pas orphelins». Aujourd’hui, fête de Pentecôte, ces paroles de Jésus nous font penser aussi à la présence maternelle de Marie au Cénacle. La Mère de Jésus est au milieu de la communauté des disciples rassemblés en prière: elle est mémoire vivante du Fils et invocation vivante de l’Esprit Saint. Elle est la Mère de l’Église. À son intercession nous confions de manière particulière tous les chrétiens et les communautés qui en ce moment ont le plus besoin de la force de l’Esprit Paraclet, Défenseur et Consolateur, Esprit de vérité, de liberté et de paix.

L’Esprit, comme affirme encore saint Paul, fait que nous appartenons au Christ. «Celui qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas» (Rm 8, 9). Et en consolidant notre relation d’appartenance au Seigneur Jésus, l’Esprit nous fait entrer dans une nouvelle dynamique de fraternité. Par le Frère universel qui est Jésus, nous pouvons nous mettre en relation avec les autres d’une manière nouvelle, non plus comme des orphelins, mais comme des fils du même Père, bon et miséricordieux. Et cela change tout! Nous pouvons nous regarder comme des frères, et nos différences ne font que multiplier la joie et l’émerveillement d’appartenir

[Texte original: Italien]

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