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HOMÉLIE DOMINICALE

Homélie du 2ème dimanche de Pâques

Dimanche 28 Avril 2019

Homélie du père Jean Compazieu

« En ce dimanche qui conclut l’octave de Pâques, nous entendons Jésus nous souhaiter la paix. Ce n’est pas un salut ni un simple vœu ; c’est un don qu’il offre à ses disciples et à chacun de nous. Cette paix, c’est la victoire de l’amour sur le mal ; c’est le fruit du pardon et de la miséricorde de Dieu. Cette paix, Jésus l’adresse à des disciples qui l’avaient abandonné. Ils l’avaient laissé seul face à la souffrance et à la mort. Eux-mêmes se sentaient menacés. Ils s’attendaient à être arrêtés et condamnés en même temps que leur Maître. C’est pour se protéger de ce danger qu’ils se tiennent cachés et enfermés en un lieu secret.

C’est alors que Jésus les rejoint là où ils en sont. Il les rejoint pour leur donner un message de paix : c’est la paix de la résurrection, la paix de la miséricorde qui pardonne, la paix qui touche le cœur. C’est ce message de paix que Christ ressuscité nous adresse aujourd’hui. Nous en avons bien besoin car nous vivons dans un monde hostile ou indifférent à la foi des chrétiens. La tentation reste grande de se replier et de rester entre nous…/…

Pour conclure, voici une parole du pape François : « Dieu ne se lasse jamais de pardonner… le problème, c’est que nous, nous nous lassons, nous ne voulons pas, nous nous lassons de demander pardon. Dieu ne se lasse jamais de pardonner… Le nom de Dieu est Miséricorde ». « O Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre. » Qu’il soit avec nous pour annoncer au monde qu’un pardon est toujours possible ».

Lire l’intégralité de l’homélie en cliquant sur l’image ci-dessus.



HOMÉLIE DOMINICALE

(Homélie du père Jean Compazieu)

Le Fils bien-aimé

Les trois lectures bibliques de ce dimanche ont un point commun : « le fils« . Nous avons tout d’abord Isaac, le fils d’Abraham qui a failli être sacrifié. Puis dans la seconde lecture, saint Paul nous parle du « Fils » que Dieu ne nous a pas refusé. Enfin, l’Évangile nous révèle le « Fils bien-aimé du Père« .

  • Dans le premier texte, c’est donc l’histoire d’Abraham. On se souvient que Dieu lui avait demandé de quitter son pays et sa famille pour aller vers un pays inconnu. En récompense, il lui promet d’être le père d’une nombreuse descendance. Or voilà qu’aujourd’hui, il se trouve face à une mise à l’épreuve très douloureuse. Il comprend que Dieu lui demande de sacrifier son fils. Ce genre de sacrifice se pratiquait d’une manière habituelle dans les religions païennes du Moyen Orient. Pour Abraham, c’était évident qu’il devait offrir son fils à Dieu. Mais au dernier moment, Dieu lui fait comprendre qu’il ne veut pas de sacrifices humains. Contrairement aux dieux du monde païen, il est le Dieu des vivants. Ce qu’il faut voir ici, c’est la confiance d’Abraham. Dieu le comble de ses bénédictions, lui et sa nombreuse descendance. Les descendants d’Abraham, ce sont les juifs, les chrétiens et les musulmans. Ils doivent se rappeler qu’ils ont à transmettre cette bénédiction divine à tous. Dieu les aime tous ; il souffre de les voir se faire la guerre. C’est pour eux et pour la multitude que Jésus est mort sur une croix. Et c’est ce sacrifice du Christ que nous célébrons à chaque messe. En ce jour, nous nous tournons vers le Seigneur : nous lui demandons que tous les enfants d’Abraham progressent ensemble vers plus d’amour, de justice et de paix.
  • La seconde lecture se présente comme une réponse au texte de la Genèse. Alors qu’Abraham a été empêché de sacrifier son fils, saint Paul nous rappelle que « Dieu n’a pas épargné son propre Fils mais il l’a livré pour nous. » Jésus a été exécuté sur une croix mais il est ressuscité et vivant. Il est à la « droite de Dieu » et il intercède pour nous. Paul est émerveillé par ce Dieu qui nous donne tout avec Jésus. « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » Toutes les fausses images qui faisaient vivre dans l’angoisse et la peur sont désormais bannies. Le vrai Dieu est Amour. C’est sous son regard que nous sommes appelés à vivre tous les jours de notre vie.

  • Dans l’Évangile, il est également question du « Fils ». Jésus emmène ses disciples sur une haute montagne pour un temps de prière. Et c’est le récit de la Transfiguration. Les disciples voudraient s’installer dans ce bonheur. Mais voilà que la voix du Père vient les ramener à la réalité : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! » Aujourd’hui, vous voyez son visage transfiguré. Dans quelques jours, vous le verrez défiguré. Écoutez-le. Faites-lui confiance quoi qu’il arrive.

Vivre le Carême c’est donc « écouter le Fils bien-aimé ». Cette parole qu’il faut écouter, nous pouvons la trouver chaque jour dans les Évangiles. Aujourd’hui, il nous invite à le suivre sur la « montagne ». Il veut nous aider à prendre de la hauteur par rapport à nos soucis de tous les jours. La voix du Père se fait entendre pour nous apprendre à voir les choses différemment. Il n’est plus question de s’installer. Dieu ne se laisse pas enfermer dans une maison. Ces tentes dont nous parle l’Évangile, il faut les construire dans le monde, dans les cœurs endurcis des humains, dans la vie ordinaire de tous les jours. C’est là, au cœur de ce monde, que Dieu veut faire sa demeure.

Malheureusement, ce monde que Dieu veut habiter se trouve défiguré par les guerres, les violences, les massacres, l’intolérance. Les pauvres et les exclus y sont de plus en plus nombreux. C’est ce monde que Dieu veut habiter. Il compte sur nous pour lui construire une demeure digne de lui. La campagne du Carême du CCFD nous en donne l’occasion. Elle nous dit qu’avec nos différences, nous pouvons tisser une terre solidaire.

Cette beauté qui est en lui, Jésus, le Fils bien-aimé du Père veut nous en revêtir en nous faisant partager sa divinité. Tout au long de ce Carême, nous sommes invités à remettre le Christ au centre de nos vies. Celui qui s’en rapproche avec son cœur devient plus lumineux, plus radieux. Il ressemble de plus en plus à Jésus, le Fils Bien-aimé de Dieu. Pour y parvenir, l’Évangile nous montre le chemin. Ce chemin peut être un chemin de croix, mais au terme de cette montée, nous trouverons la joie de Pâque.



HOMÉLIE DOMINICALE

« Tenu à l’écart »

(Homélie du Père Jean Compazieu)

 Pour comprendre la 1ère lecture, il faut se remettre dans le contexte de l’époque. Jusqu’aux débuts de l’ère chrétienne, la lèpre était considérée comme un signe du péché que Dieu punissait ainsi. Celui qui était contaminé par cette maladie devait donc adopter une attitude pénitentielle, vêtements déchirés, cheveux en désordre. Il était tenu à l’écart car la lèpre le rendait impur et l’excluait du culte. Nous chrétiens, nous savons bien que l’image de Dieu en nous est abimée par le péché. Il provoque une défiguration bien plus grave que celle de la lèpre. Notre complicité avec le péché est pire que la contagion de cette maladie. Il se propage bien plus vite.

Mais avec Jésus, le mal n’a pas le dernier mot. L’Évangile nous le montre circulant vers les lieux inhabités : arrive un lépreux qui s’agenouille devant lui et qui le supplie : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » À travers cette prière, il confesse deux choses : son impureté et la puissance du Seigneur. Et il en implore une troisième : le bienfait.

Il est étonnant de voir l’audace de cet homme. Il savait bien que tout contact avec lui rendait impur. Et pourtant, il n’hésite pas à s’approcher de Jésus. Mais aujourd’hui, la situation est inversée : Avec Jésus, c’est la pureté qui devient contagieuse et non la lèpre. C’est le bien qui l’emporte sur le mal et non le contraire. Avec lui, la lumière l’emporte sur les ténèbres. Comprenons bien : l’humanité de Jésus devient porteuse de vie divine. Elle est instrument du salut. Sa sainteté agit dans toute la race humaine. En touchant le lépreux, il met sa chair saine en contact avec la chair pourrie de l’excommunié.

Du coup, c’est cette humanité qui est contaminée par la vie, la santé et la sainteté de Dieu. La contagion est inversée. Elle a joué dans le sens contraire. C’est la santé qui met en péril la maladie, la vie qui contamine la mort. L’amour l’emporte sur la haine. Voilà une bonne nouvelle pour nous aujourd’hui. Comme ce lépreux, nous pouvons nous approcher de Jésus et le supplier : « Seigneur, prends pitié ! » Et il sera toujours là pour nous dire : « Je le veux, sois purifié. »

L’homme a donc été purifié. Sa lèpre a disparu. Il ne sera plus un exclu. Son être profond est réorienté et réhabilité. Il ne lui reste plus qu’à rencontrer le prêtre pour être réintégré dans sa communauté. Le grand message de cet Évangile c’est un appel à nous laisser toucher par cet amour infini du Christ. Devant lui, nous nous reconnaissons défigurés par le péché. Mais il ne se lasse jamais de nous accueillir et de nous pardonner. Son amour pour nous dépasse infiniment tout ce que nous pouvons imaginer.

En lisant cet Évangile, nous comprenons que Jésus a pris la place du lépreux. Il prend notre place mais pas notre lèpre. Au jour de sa Passion, il prendra la place de Barabbas. Désormais c’est lui qui se trouve dans l’univers des lépreux, dans les lieux déserts. Un jour, il sera rejeté de tous ; on le conduira hors de la ville et on le fera mourir sur une croix. Mais son amour est bien plus fort que la mort et le péché. C’est cette victoire que jour célébrons le jour de Pâques.

Ce que Jésus a fait autrefois en terre de Palestine, il le continue aujourd’hui. Il nous rejoint dans toutes les lèpres et les bouleversements de notre vie et de notre monde, les lèpres corporelles, les maladies, les cancers, le sida, l’alcoolisme, la drogue. Il nous rejoint aussi dans toutes les lèpres psychologiques et morales et surtout celle du péché qui nous ronge et nous enferme sur nous-mêmes. Quelle que soit notre situation, l’Évangile de ce dimanche nous apprend à nous tourner vers le Seigneur. Lui seul connaît vraiment notre détresse et peut nous sauver.

Saint Paul a passé une partie de sa vie à persécuter les chrétiens. Mais il s’est laissé toucher par lui sur le chemin de Damas. Il s’est efforcé de l’imiter. Avec lui, la bonne nouvelle a été annoncée à tous ceux qui étaient loin de Dieu. Les païens sont introduits dans la communauté au même titre que les autres. Comme Paul et bien d’autres après lui, nous avons à réorienter notre vie vers le Christ. Le Carême nous donnera l’occasion de nous mettre en chemin et de tomber à genoux. Nous ferons nôtre cette prière : « Si tu le veux, tu peux me purifier ». Oui, Seigneur, que toute notre vie soit imprégnée de ton amour afin que nous puissions le communiquer à tous. Amen



HOMÉLIE DOMINICALE

23 ème dimanche du Temps ordinaire

Dimanche 10 septembre 2017

(Homélie du père Abbé Jean Compazieu)

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La correction fraternelle

  • Les textes bibliques de ce jour veulent nous aider à mieux vivre en Église. Ils nous parlent de la correction fraternelle qui est une composante de la vie fraternelle. Dans la première lecture, nous lisons que le prophète Ézéchiel reçoit la mission de guetteur pour la Maison d’Israël. Dieu ne lui demande pas d’espionner ni de surveiller ses proches. Il lui demande simplement d’être attentif. Le vrai guetteur veille sur les autres, en particulier sur ceux qui risquent de s’orienter vers des chemins de perdition. La mission de l’Église, notre mission, n’est pas de se sauver mais de sauver le monde.
  • Dans sa lettre aux Romains, Saint Paul nous apporte un éclairage nouveau ; il nous parle de la dette de l’amour mutuel : « L’amour ne fait rien de mal au prochain. » C’est l’amour qui doit être au cœur de nos relations humaines, que ce soit dans l’Église ou dans la société. En nous disant cela, saint Paul sait de quoi il parle : dans un premier temps, il avait eu une attitude rigide et écrasante pour les autres ; il en était venu à être un persécuteur acharné des chrétiens. Ce qui l’a sauvé, c’est la découverte de l’amour miséricordieux du Christ Sauveur. Plus un amour est grand, plus on voit ce qui l’offense.
  • Dans son Évangile, saint Mattieu nous parle de la correction fraternelle à l’intérieur de la communauté des croyants. Il nous dit ce que nous devons faire quand un chrétien a mal agi. Jésus nous enseigne que si mon frère commet une faute contre moi, s’il m’offense, je dois faire preuve de charité envers lui. Je dois lui parler personnellement en lui expliquant que ce qu’il a fait n’est pas bien. Il ne s’agit pas de le corriger ni de lui faire la morale. Le Seigneur nous envoie vers lui pour témoigner de l’amour qui est en Dieu. Notre mission n’est pas d’épier le pécheur mais de lui montrer le chemin qui peut le sauver. Et s’il ne m’écoute pas, Jésus suggère une intervention progressive, d’abord deux ou trois personnes, puis la communauté de l’Église. « S’il n’écoute pas la communauté, considère-le comme le païen et le publicain. » Non, ce n’est pas la condamnation finale qui exclut le pécheur. C’est lui qui s’est mis en dehors. Mais la communauté va tout faire pour le porter dans sa prière et le ramener à Dieu. Nous connaissons tous la parabole de la brebis perdue. L’Évangile nous dit que son maître fait tout pour la retrouver. Notre mission c’est de participer activement à cette œuvre du Seigneur. Tout cela suppose une attitude de délicatesse, de prudence, d’humilité et d’attention à l’égard de celui qui a péché. Nous devons éviter les mots qui peuvent tuer ou blesser notre frère. Quand je dis du mal, quand je dis une critique injuste, quand j’écorche mon frère avec ma langue, cela signifie que je peux tuer la réputation de l’autre. C’est vrai, les paroles peuvent tuer. Nous devons tout faire pour éviter la clameur du fait divers et le commérage de la communauté. Le but c’est d’aider la personne à se rendre compte de ce qu’elle a fait : par sa faute, elle n’a pas seulement offensé une personne. C’est toute la communauté qui est éclaboussée par le contre témoignage qu’elle a donné. Mais nous devons faire preuve d’humilité en nous rappelant que nous aussi, nous sommes tous pécheurs. Nous avons tous besoin du pardon. La correction fraternelle est un service que nous pouvons nous rendre les uns aux autres. Nous en avons tous besoin car nous aussi, nous commettons souvent des erreurs. C’est pour cette raison qu’à chaque messe, nous sommes invités à reconnaître devant le Seigneur que nous sommes pécheurs. Nous le disons avec des mots et des gestes : « Prends pitié de nous, Seigneur« . Nous ne disons pas : « prends pitié de celui qui est à côté de moi parce qu’il est pécheur » mais « prends pitié de moi« . Nous sommes tous pécheurs et nous avons tous besoin du pardon du Seigneur. Et surtout, n’oublions pas cette parole de saint Paul : « Là où le péché a abondé, la miséricorde a surabondé« . Cet Évangile se termine par un appel à nous unir dans la prière. Quand nous sommes réunis en son nom, Jésus est là. Il est présent aujourd’hui dans l’Eucharistie qui nous rassemble. Il nous rejoint pour mettre son amour en nos cœurs. C’est avec lui que nous pourrons refaire la communion qui est cassée. Et surtout, n’oublions jamais que pour gagner tous ses frères, Jésus s’est donné jusqu’au bout, jusqu’à la mort sur une croix. Alors « aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur mais écoutons la voix du Seigneur. Amen


HOMÉLIE DOMINICALE

22ème Dimanche du Temps Ordinaire

Dimanche 3 septembre 2017

(Homélie du père Jean COMPAZIEU)

Être séduits et transformés par Dieu

Les textes bibliques de ce dimanche sont un appel à suivre les pensées de Dieu qui ne sont pas celles des hommes. C’est ce qui s’est passé pour le prophète Jérémie. Dieu lui a confié une mission extrêmement difficile. Il a été envoyé pour appeler le roi, les prêtres et le peuple à se convertir. Il leur annonce de la part de Dieu que leurs fautes auront des conséquences dramatiques. À plusieurs reprises, le prophète a essayé de se soustraire à cette mission qui lui a causé bien des ennuis. Mais c’est comme un feu dévorant qu’il ne peut maîtriser. Il a été séduit par plus grand que lui. Dans toutes nos épreuves, le Seigneur nous apprend à nous abandonner avec amour à lui.

Dans la seconde lecture, nous avons le témoignage de Paul. Nous savons qu’au départ, il pensait sauver l’honneur de Dieu en persécutant les chrétiens ; mais un jour, il a été saisi et entièrement transformé par le Christ. Il a abandonné ses certitudes pour s’ajuster au vrai Dieu qui est amour. Aujourd’hui, il nous recommande de ne pas prendre pour modèle le monde présent. Ce qui est important, ce n’est pas ce que nous pouvons penser mais ce que le Seigneur nous dit dans son Évangile ; c’est pour nous un appel à renoncer aux idées du monde et à changer nos cœurs et nos esprits afin de pouvoir discerner la volonté de Dieu.

Avec l’Évangile, nous arrivons à un moment crucial de la vie de Jésus : il vient de vérifier que Pierre et les autres disciples croient en lui comme Messie. Mais nous nous rappelons que cet évangile se terminait par la consigne du silence. Aujourd’hui, nous comprenons mieux pourquoi. C’est vrai, Jésus est le Messie, le Fils du Dieu vivant. Mais dans l’esprit de Pierre, il y a une confusion : Comme la plupart des gens de son pays, Pierre attendait un Messie qui prendrait le pouvoir et chasserait l’occupant romain de son pays. Or voilà que Jésus annonce qu’il doit « partir à Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des prêtres et des scribes, être tué et le troisième jour ressusciter« . Jésus est un Messie qui va mourir de mort violente. Le supplice de la croix était la torture la plus terrifiante. Pour les juifs, c’était le sommet de la honte. C’était le signe visible de la malédiction divine.

Nous comprenons la réaction de Pierre. Peu de temps auparavant, il avait vu Jésus transfiguré « sur la montagne sainte » et il avait entendu la voix du Père disant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoutez-le. » Aujourd’hui, Pierre ne comprend plus. Il refuse le destin tragique d’un Messie promis à la croix et il le dit. Jésus le réprimande car ses pensées ne sont pas « celles de Dieu mais celles des hommes ». Sans se rendre compte, il joue le rôle de Satan, le tentateur. Il barre la route à Jésus au lieu de le soutenir et de marcher avec lui. Et nous trouvons là ce qu’on pourrait appeler le premier reniement de Pierre.

Comprenons bien : La tentation d’aujourd’hui est terrible : Jésus doit se défendre contre ses amis les plus chers, en particulier contre Pierre. Croyant bien faire, ces derniers l’appellent sur un autre chemin que le chemin pascal. C’est alors que Jésus élargit son propos : Si Pierre a cette réaction c’est parce qu’il n’a pas compris ce que veut dire « être disciple ». Une mise au point s’impose. Il est impossible d’être sauvé sans accepter de « perdre sa vie » et de s’en remettre à Dieu. Ce sont les paroles mêmes de Jésus. Nous vivons dans un monde qui recherche la gloire, les honneurs et surtout l’argent. Mais le risque est grand d’oublier que nous sommes nés pour aimer. Dieu qui est amour nous a créés pour nous rendre participants à son amour. Il nous appelle à progresser dans l’amour et à offrir notre vie par amour pour Jésus.

Cet évangile nous rejoint dans ce que nous vivons, en particulier dans nos tentations. Comme Pierre, il nous arrive souvent de nous éloigner des pensées de Dieu. Nous rêvons un peu trop d’une Église triomphante. Le pape François nous met en garde contre le risque d’être des « mondains » en nous laissant entraîner par les idées du monde. À ce moment-là, nous devenons comme le sel qui vient à s’affadir. C’est ce qui se passe quand le chrétien dans la mentalité du monde. Là encore, le pape nous dit que ces chrétiens ressemblent à du vin coupé avec de l’eau. On ne sait pas s’ils sont chrétiens ou mondains. Ils sont comme le sel qui perd de sa saveur parce qu’ils sont livrés à l’esprit du monde.

Voilà ces textes bibliques qui nous provoquent à nous ajuster à Dieu et à son projet. C’est une conversion de tous les jours qui ne sera possible que dans la méditation de l’Évangile chaque jour et dans la prière. Si nous le voulons bien, le Christ sera toujours là pour nous guider sur le chemin de la vie et nous accompagner dans notre lutte contre la tentation. Avec lui, les forces du mal n’auront jamais le dernier mot. Il en a été victorieux et il veut nous associer tous à sa victoire.

C’est pour mieux répondre à cet appel du Seigneur que nous nous réunissons chaque dimanche pour célébrer l’Eucharistie. C’est là que nous nous nourrissons de la Parole et du Corps du Christ. Grâce au don qu’il nous fait, nous apprenons à ne pas nous conformer au monde mais à lui et à son amour. En lui, nous entrons dans une vie féconde source de joie et de partage, source de paix et d’amour. La Vierge Marie nous précède sur ce chemin ; laissons-nous guider par elle.

 

 



HOMÉLIE DOMINICALE

Homélie du 21ème dimanche du temps ordinaire

Dimanche 27 août 2017

(Homélie du Père Jean Compazieu)

SUSCITES PAR DIEU

Les trois textes bibliques qui nous sont proposés en ce dimanche nous montrent des hommes qui ont été appelés par Dieu pour une mission bien précise. Dans le texte d’Isaïe (1ère lecture), c’est Eliaquim qui est appelé. Il reçoit l’investiture pour remplacer un serviteur royal devenu trop ambitieux. Nous ne savons rien d’Eliaquim. Son nom signifie : « Dieu l’a suscité ». Il fait désormais partie de ceux que Dieu a choisis pour conduire son peuple et en prendre soin.

L’apôtre Paul a lui aussi été suscité par Dieu. Au départ, c’était un pharisien qui persécutait les chrétiens ; en agissant ainsi, il croyait sauver l’honneur de Dieu. Mais un jour, il a rencontré Jésus sur le chemin de Damas. Cette rencontre a été pour lui le point de départ d’un véritable bouleversement. Le persécuteur acharné a été appelé à devenir un grand témoin de la foi dans le monde païen. Dans le texte d’aujourd’hui, nous le voyons proclamer avec enthousiasme les merveilles de Dieu tout au long des siècles. Tous les hommes, juifs et païens sont appelés « fils de Dieu ». Si Dieu a suscité le peuple d’Israël, c’est pour partager avec l’humanité entière ce bonheur d’être aimé par Dieu.

Dans l’Évangile, c’est Pierre qui a été suscité par le Christ. Il est appelé à devenir cette pierre sur laquelle Jésus édifiera son Église. Cette promesse fait suite à la question qu’il vient de poser à ses disciples : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » et c’est précisément Pierre qui fait cette belle profession de foi : « Tu es le Christ, le Fils de Dieu. » Il reconnaît en Jésus le Fils du Dieu vivant. Et c’est ainsi que Pierre est choisi par Jésus pour être le fondement de cette Église qu’il bâtira tout au long des siècles. Cette Église défiera les forces de la mort ; on cherchera à la détruire par tous les moyens. Mais la « puissance de la mort » ne l’emportera pas sur elle.

Voilà donc trois hommes qui ont répondu à l’appel du Seigneur en vue du salut du monde. Le même Seigneur continue à appeler aujourd’hui des hommes, des femmes et des enfants. Nous sommes suscités pour participer activement à cette mission. La bonne nouvelle doit être annoncée à tous, enfants, jeunes et adultes. Nous devons retrouver cet enthousiasme missionnaire qui était celui de Paul. Nous, chrétiens d’aujourd’hui, nous sommes envoyés comme témoins et messagers de cette bonne nouvelle dans nos familles, nos villages, nos quartiers et jusque dans le monde entier. Le Seigneur compte sur nous pour que nous donnions le meilleur de nous mêmes à cette mission.

« Je te donnerai les clés du Royaume des cieux ». Ce pouvoir c’est celui d’ouvrir le Royaume à tous les hommes. Il est confié à l’Église par l’intermédiaire de Pierre et de ses successeurs. Cette mission nous rejoint dans un monde où beaucoup de portes sont fermées. Certains médias nous ont infligé une campagne de dénigrement qui n’est pas à leur honneur. Pensons à tous ceux et celles qui sont enfoncés dans leur passé et leur mauvaise réputation. Le monde se méfie d’eux ; on ne leur laisse aucune chance. Toutes ces critiques méchantes, ces médisances, ces calomnies ne font qu’enfermer des personnes dans l’exclusion.

Le pape François ne cesse de réagir contre ces comportements. Si nous sommes appelés et envoyés, ce n’est pas pour accabler des coupables mais pour témoigner auprès d’eux de l’amour que Dieu leur porte. Avec Jésus et avec nous tous, la bonne nouvelle de l’Évangile doit être annoncée aux petits, aux pauvres et aux exclus. Nous sommes envoyés pour leur dire qu’ils ont du prix aux yeux de Dieu. Il faut que cela se voie dans notre manière de les accueillir et de les écouter.

C’est pour mieux répondre à cet appel du Seigneur que nous nous réunissons le dimanche pour célébrer l’Eucharistie. C’est là que nous nous nourrissons de la Parole et du Corps du Christ. Puis, à la fin de la messe, c’est l’envoi vers tous ceux et celles qu’il mettra sur notre route. Prions-le par l’intercession de la Vierge Marie pour qu’il nous aide à être de vrais témoins de son amour.

 



HOMÉLIE DOMINICALE

Homélie du 19ème dimanche du temps ordinaire

Dimanche 13 août 2017

(Homélie du père Jean Compazieu, prêtre de l’Aveyron)

« Découvrir le vrai Dieu »

Les textes bibliques de ce dimanche nous invitent à corriger l’idée que nous nous faisons de Dieu. C’est ce qu’a dû faire le prophète Élie sur la montagne de l’Oreb (le Sinaï). Il se le représentait comme un Dieu de puissance. Il pensait le trouver dans l’ouragan puis dans le tremblement de terre. Mais le Seigneur n’était ni dans l’un ni dans l’autre. Après cela, ce fut le murmure d’une brise légère. C’est là qu’Élie découvre le vrai Dieu. Lui qui croyait sauver son honneur en massacrant les « infidèles » découvre qu’il était sur une fausse piste. Le vrai Dieu est amour et miséricorde. Ce n’est qu’en aimant que nous disons quelque chose de lui.

L’apôtre Paul s’était lui aussi trompé sur Dieu. Dans un premier temps, il a violemment persécuté les chrétiens. Mais un jour, il a rencontré Jésus sur le chemin de Damas. Pour lui, ce fut le point de départ d’une véritable conversion. Cette découverte extraordinaire, il voudrait la partager avec ses frères de la communauté juive. Mais ces derniers refusent de reconnaître Jésus comme le Messie. Paul nous fait part de sa douleur face à leur incrédulité. Ces derniers n’ont pas accepté de reconnaître que le privilège du peuple élu soit étendu aux païens qui ont mis leur foi en Dieu. Ils ne comprennent pas que si le Christ a livré son Corps et versé son sang c’est pour eux et pour la multitude.

Avec l’Évangile, c’est Jésus lui-même qui vient remettre les choses « à l’endroit ». Rappelons-nous : il vient de multiplier les pains pour nourrir une foule affamée. Imaginons l’excitation de tous ces gens. Les uns et les autres pensent qu’ils ont trouvé le roi qui les libérera de l’occupant étranger. Jésus se rend compte de ce piège et il fait tout pour que ses disciples n’entrent pas dans ce jeu. C’est pour cela qu’il les renvoie de toute urgence vers l’autre rive. A travers cet événement, il veut nous faire comprendre que le Royaume de Dieu n’est pas de ce monde. Il ne correspond pas à l’idée que nous nous en faisons. Pour y entrer, il nous faut quitter notre petit confort, nos certitudes, nos habitudes. Le Christ nous donne rendez-vous sur « l’autre rive« , celle de l’inconnu.

Après avoir renvoyé les foules, Jésus se retire seul sur la montagne pour prier. Il nous apprend que c’est là, dans la prière, que nous pourrons nous ajuster à Dieu et à son vrai projet d’amour. Comme Élie, comme Paul et comme les apôtres, nous risquons de nous faire des fausses idées sur le vrai Dieu. Mais si nous prenons le temps de le rencontrer dans la prière, nous comprenons mieux ce qu’il attend de nous. C’est dans le cœur à cœur avec lui que notre foi se purifie.

Pendant que Jésus est en prière sur la montagne, les disciples traversent la la mer. Et voilà que survient la tempête. La barque est battue par les vagues. « Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer. » Les disciples sont affolés. Ils pensent que c’est un « fantôme ». Notre vie actuelle ressemble à cette traversée de la mer. Nous sommes engagés vers « l’autre rive », celle où Jésus nous donne rendez-vous. Cette barque dont parle l’Évangile, c’est celle de Pierre, c’est l’Église de Jésus Christ. Tout au long des siècles, elle en a connu des tempêtes, des violences, des persécutions.

La mer déchaînée symbolise la mort. Elle représente le lieu des puissances du mal. Jésus qui marche sur la mer vient nous faire comprendre que le mal n’a pas de prise sur lui. Il nous révèle le vrai Dieu qui est vainqueur de la mort et du péché. Quand tout va mal, nous risquons de croire que Dieu nous a abandonnés. Mais il est là, bien présent ; et nous dit « Viens ». Il voit nos doutes, nos peurs quand nous sommes affrontés à la tempête. Mais il est là pour nous rassurer et nous apprendre l’espérance.

Si nous accueillons le Christ dans la barque de nos vies, nous savons que nous pourrons compter sur lui. Nous serons unis dans la foi en lui. Il ne demande qu’à nous rejoindre au cœur de nos vies, de nos doutes. Il ne cesse de nous tendre la main. L’Église est cette barque qui doit affronter les tempêtes. Ce qui la sauve ce n’est pas les qualités ni le courage de ses membres mais la foi qui lui permet d’avancer dans l’obscurité. La foi nous donne l’assurance de la présence de Jésus à nos côtés.

Et surtout, n’oublions pas : chaque dimanche, Jésus nous invite à l’Eucharistie. Il nous propose son Corps et son sang pour nous rendre forts dans les épreuves. Avec lui, nous pourrons continuer notre route avec plus de courage. Et à la fin de la messe, nous serons envoyés pour être les témoins et les messagers de cette bonne nouvelle. C’est ensemble, les uns avec les autres que nous pourrons faire cette belle profession de foi : « VRAIMENT, TU ES LE FILS DE Dieu« .

 

 

 



HOMÉLIE DOMINICALE

Fête de la Transfiguration du Seigneur

Dimanche 06 août 2017

(Homélie du père Jean Compazieu, prêtre de l’Aveyron)

 « Ecoutez-le… »

 En cette fête de la Transfiguration du Seigneur, la liturgie nous propose des textes bibliques qui nous parlent de la gloire de Dieu. Le premier est tiré du livre de Daniel dans l’Ancien Testament. C’est un texte un peu déroutant pour ceux qui le découvrent ; mais ce qu’il faut y voir, c’est la bonne nouvelle qu’il nous laisse : il annonce le jugement des empires mondiaux, la délivrance du peuple de Dieu et l’avènement de son règne. Ce récit nous prépare à l’événement de la Transfiguration.

Dans la seconde lecture, nous avons le témoignage de l’apôtre Pierre. Il tient à préciser que sa parole n’a rien à voir avec des récits imaginaires. Il revendique avec force l’authenticité de son témoignage : « Nous avons contemplé… Nous avons entendu… » Nous, chrétiens d’aujourd’hui nous croyons en Jésus transfiguré et ressuscité parce que nous faisons confiance au témoignage de ceux qui ont vu sa gloire.

Avec l’Évangile, nous entrons dans l’événement de la Transfiguration. Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean ; et il les emmène avec lui sur une haute montagne. Il faut savoir que dans la Bible, la montagne représente le lieu de la proximité de Dieu et de la rencontre intime avec lui. C’est vraiment LE lieu de la prière en présence de Dieu. C’est là que les apôtres font cette découverte extraordinaire de Jésus transfiguré et lumineux. Son visage devient si resplendissant et ses vêtements si lumineux que Pierre en est ébloui. Il voudrait rester là pour fixer cet événement.

Mais voilà que résonne la voix du Père : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. écoutez-le. » Cette parole est importante. Nous devons écouter Jésus. Ce n’est pas le pape ni les évêques ni les prêtres qui disent cela, c’est Dieu lui-même qui nous le dit à tous. C’est important, même pendant les vacances. Le Seigneur est là au cœur de nos vies, de nos loisirs et de nos soucis. Mais trop souvent, nous sommes ailleurs. Nous organisons notre vie en dehors de lui. Nous disciples du Christ, nous sommes appelés à être des personnes qui écoutent sa voix et qui prennent au sérieux ses paroles. Pour écouter Jésus, il faut être proche de lui, il faut le suivre, il faut accueillir son enseignement. C’est ce que faisaient les foules de l’Évangile qui le poursuivaient sur les routes de Palestine. Le message qu’il leur transmettait était vraiment l’enseignement du Père. Cet enseignement, nous pouvons le trouver chaque jour dans l’Évangile ; quand nous le lisons, c’est vraiment Jésus qui nous parle, c’est sa Parole que nous écoutons.

Dans cet épisode de la Transfiguration, nous trouvons deux moments significatifs : la montée et la descente. Le Seigneur nous appelle à l’écart, à monter sur la montagne. Comprenons bien, il ne s’agit pas de faire de l’alpinisme mais de trouver un lieu de silence et de recueillement pour mieux percevoir la voix du Seigneur. C’est ce que nous faisons dans la prière. Pendant l’été, beaucoup choisissent de passer quelques jours dans un monastère. Ils ont besoin de ce temps de ressourcement pour leur vie chrétienne. Mais nous ne pouvons pas rester là. La rencontre avec Dieu dans la prière nous pousse à « descendre » de la montagne. Nous sommes invités à retourner en bas, dans la plaine et à rejoindre le monde dans ce qu’il vit. Nous y trouverons tous ceux et celles qui sont accablés par le poids du fardeau, des maladies, des injustices, de l’ignorance, de la pauvreté matérielle et spirituelle. Nous sommes envoyés pour être les témoins et les messagers de l’espérance qui nous anime. Cette parole que nous avons reçue doit grandir en nous. Cela ne se réalisera qui si nous la proclamons. Si nous l’accueillons, ce n’est pas pour la mettre dans un conservateur mais pour la donner aux autres ; c’est cela la vie chrétienne : accueillir Jésus et le donner aux autres.

Dans quelques jours, nous fêterons l’Assomption de la Vierge Marie. Elle est là pour nous inviter à écouter Jésus et à faire chaque jour ce qu’il nous dira. Nous pouvons vraiment nous confier à elle. C’est avec elle que nous apprendrons à « monter » à travers la prière. Après avoir été imprégné de l’Amour qui est en Dieu, nous pourrons « descendre » pour le communiquer à ce monde qui en a bien besoin. C’est avec le Christ et avec Marie que ce témoignage portera du fruit.

Nous faisons nôtres les paroles de ce chant :  » Allez-vous en sur les places et sur les parvis… Allez-vous en sur les places y chercher tous mes amis« . Amen