HOMÉLIE DOMINICALE

Le baptême du Seigneur

13 janvier 2019

(Homélie du père Charles André Sohier, prêtre ermite)

Les quatre évangiles rapportent un récit du baptême de Jésus. Mais chacun des évangélistes y apporte sa touche personnelle. Saint Luc, que nous lisons cette année, insiste sur trois points que ne signalent pas les autres :

1. Jésus reçoit le baptême « comme tout le peuple »;
2. C’est « en priant » qu’il reçoit l’Esprit Saint;
3. Enfin, la voix venue du ciel précise que Jésus est « engendré du Père aujourd’hui ».

Entrons un peu dans la manière qu’a Luc de nous faire entrer dans ce mystère qui est le sommet de la révélation divine, de la « Théophanie » de ce temps de Noël.

« Comme tout le peuple se faisait baptiser »…

Jésus prend place dans la longue lignée des hommes et de femmes ordinaires qui attendent leur tour pour se laisser plonger dans les eaux du Jourdain. Rien ne le distingue des autres. Il vient rejoindre, dans l’anonymat, le peuple de pécheurs en attente que nous sommes. Il s’enfonce, discrètement mais profondément, dans la pâte humaine. Il prend même la dernière place pour embrasser dans ses bras toute l’humanité avec ses grandeurs et ses crimes, avec ses générosités et ses folies. Quand, à la suite des autres il remonte des eaux du fleuve, c’est comme une nouvelle naissance qui s’amorce pour tous les hommes qui cherchent à se purifier. Sans tambour ni trompette, un monde nouveau est déjà né. Et déjà cette insistance de Luc nous montre qu’il n’y a pas de vie chrétienne isolée. Un chrétien seul est rapidement un chrétien mort. Le premier effet du baptême est justement de nous faire rentrer dans la famille des enfants de Dieu, et donc des frères de Jésus, qui vivait de la vie de son peuple, tout humblement.

« Jésus priait, alors le ciel s’ouvrit…
L’Esprit Saint descendit… »

Saint Luc nous présente la descente de l’Esprit sur Jésus, non pas comme une conséquence de son baptême, mais comme le fruit de sa prière. De sa prière, dans son intimité avec le Père, Jésus reçoit une nouvelle effusion de l’Esprit. Et ce n’est pas pour lui; c’est pour les autres. Ce n’est pas pour son bien à lui, mais pour l’édification de la communauté.

Et nous ? N’est-ce pas uniquement dans la prière, fidèle, persévérante, quotidienne, que nous pouvons recevoir cette effusion de l’Esprit qui nous rendra disponible à nos frères et à nos sœurs. Prier c’est donc faire place à l’Esprit. C’est se faire creux pour qu’il vienne. La place de la prière, dans nos vies, doit être première, sous peine d’en rester à une grande stérilité spirituelle.

« C’est toi mon Fils.
Aujourd’hui, je t’ai engendré… »

Voici que Dieu présente le charpentier de Nazareth comme son propre Fils. Cet homme parmi les autres est rempli d’un mystère indicible. Il est « engendré » de Dieu dans un présent éternel. Les mots nous manquent, les images sont vaines pour décrire ce mystère. Plongeons dans le mystère de ce prophète galiléen. Nous aussi, Dieu nous engendre, dans le Christ, à chaque instant, chaque jour… Il nous aime comme un Père… Nous ne sommes pas orphelins… En son Fils, nous naissons fils et filles de Dieu.