HOMÉLIE DOMINICALE

Homélie du Père Yvon-Michel Allard, directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada

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La ville entière se pressait à la porte. Jésus guérit toutes sortes de malades

Dans l’Évangile de dimanche dernier, Marc soulignait deux des aspects importants de l’activité de Jésus : son enseignement et ses guérisons. Aujourd’hui il mentionne de nouveau ces deux éléments et il en ajoute un troisième : la prière. Jésus est l’homme pour les autres, mais il est aussi l’homme de la prière. En contact avec son Père, il cultive son jardin secret pour ne pas être emporté par la tentation du succès, du pouvoir et de la manipulation. La prière est présente chez lui et accompagne toutes ses activités.

Jésus est venu «évangéliser», ou comme le souligne le texte : «proclamer la Bonne Nouvelle». Pour lui, évangéliser, ce n’est pas faire de la propagande ou du recrutement. L’évangélisation ne cherche pas à «ramener les gens à l’église» ou à «convertir les païens». Ce n’est ni une croisade ni une tentative de récupération. Évangéliser, c’est communiquer, au cœur de la vie des gens, l’espérance fondée sur l’amour que Dieu a pour nous. Évangéliser, c’est annoncer cette Bonne Nouvelle : Dieu nous aime, la vie a du sens, la mort n’est qu’un moment de transition.

Chez Marc, comme chez les autres évangélistes, l’évangélisation de Jésus est toujours accompagnée de promotion humaine. L’attention du Seigneur pour les malades, les laissés pour compte,  les rejetés de la société est constante dans tous les récits évangéliques. Il remet sur pied le paralytique, réintègre les lépreux à leur communauté respective, guérit la femme qui souffre de perte de sang, l’homme à la main desséchée, la fille de la Syro-Phénicienne, l’épileptique, l’aveugle de Jéricho, le serviteur du Centurion romain. Il ressuscite la fille de Jaïre et son ami Lazare. Il redonne un sens à la vie de Marie-Madeleine la prostituée, de Zachée le publicain, de la femme adultère condamnée à la lapidation, des lépreux rejetés hors des villages, de la Samaritaine aux six maris, du voleur condamné à mourir crucifié avec lui, etc.

Évangéliser, c’est faire renaître l’espérance chez ceux et celles qui souffrent, qui sont étiquetés et condamnés par les autres. C’est ce que Jésus a fait dans sa vie et son action ne se limite pas à l’espace religieux ! Jésus circule dans le vrai monde, avec ses souffrances, ses solitudes, ses injustices, ses violences. C’est le terrain qu’il choisit pour proclamer la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu et l’espérance d’un monde meilleur. Pour Jésus, il n’y a pas d’évangélisation sans promotion humaine.

Par ses paroles et par ses gestes, Jésus rappelle que Dieu est celui qui «essuiera toute larme de nos yeux. De mort il n’y en aura plus. De pleur, de cri et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé. Celui qui siège sur le trône déclare «Voici, que je fais l’univers nouveau». (Apocalypse 21, 4-5)

Marc nous présente la journée typique de Jésus comme un exemple à suivre. Nous n’avons pas le pouvoir de guérir, mais nous pouvons tous avoir de la compassion, être présents auprès de ceux et celles qui souffrent, écouter ceux et celles qui vivent dans la solitude, accueillir, tendre la main. Dans un monde blessé par tant de violences, de misères, de souffrances, il devient urgent d’allumer une petite chandelle au cœur de la nuit. Comme le dit un vieux dicton français : «Il vaut mieux allumer une petite chandelle dans le noir, que de maudire la noirceur».

Nous sommes invités aujourd’hui, à l’instar du Seigneur, à faire renaître l’espoir, à rallumer la lampe qui vacille, à redonner le goût de vivre et la force de continuer le chemin. Il faut savoir mettre la main sur l’épaule de celui et de celle qui souffre, de les regarder dans les yeux et leur redonner confiance, de les encourager, de les motiver. Il suffit parfois d’un simple regard, d’un simple geste d’amitié.

Savoir accompagner sans juger, aider sans poser de questions, être là pour la personne malade, blessée, accusée, condamnée, jetée par terre… «Jésus fit lever la belle-mère de Pierre en la prenant par la main». Et sur la croix, juste avant de mourir, il dira au voleur crucifié avec lui : «Aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le paradis».