HOMÉLIE DOMINICALE

(Homélie du Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

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« Jésus grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse »

 Noël est d’abord et avant tout une fête qui se célèbre en famille. Cette période festive est un temps de rencontres où l’on transmet, de génération en génération, les traditions et les rites qui expriment la vie, l’attachement, les bonnes relations, les valeurs du groupe.

La fête d’aujourd’hui s’intègre donc très bien au cycle de Noël. Une vénération spéciale de la Sainte Famille s’est développée au 17e s. grâce à Mgr. François de Montmorency Laval (1623-1708), le premier évêque de Québec. Sachant que la famille est un environnement privilégié, il en a fait la promotion et, à partir de l’Amérique du Nord, cette fête a été adoptée un peu partout dans le monde.

Nous connaissons bien peu de choses sur la vie familiale de Marie, Jésus et Joseph. L’Évangile semble plus intéressé à l’intégration de cette famille dans le peuple d’Israël qu’aux détails de leur vie quotidienne. Marie et Joseph accomplissent fidèlement la loi de leur peuple et se présentent au Temple pour y accomplir le rite de purification de la mère et l’offrande au Seigneur du fils premier-né, tel que prévu au Livre de l’Exode.

La famille de Jésus est socialement bien intégrée. Elle connaît les coutumes de son peuple et vit en accord avec ses traditions. C’est un signe de maturité humaine et religieuse de savoir s’intégrer à une communauté, de participer à ses rites et d’assumer les fêtes et coutumes de son peuple.

Dans l’évangile, Marie et Joseph offrent leur enfant à Dieu ne sachant pas ce que l’avenir lui réserve, comme tous les parents qui présentent un enfant au baptême.

Ce n’est pas un hasard que, selon Luc, ce ne sont pas les autorités officielles – les prêtres et les scribes -, qui reconnaissent Jésus, mais des gens ordinaires, des pauvres! Syméon et Anne sont «vieux». Ils appartiennent à cette catégorie que toute société a tendance à oublier et à ne pas respecter.

Syméon et Anne, à travers les années, au lieu d’accumuler les désillusions, ont accumulé l’espérance, attendant «la consolation d’Israël, la lumière qui éclaire les nations et la gloire du peuple de Dieu».

La liturgie d’aujourd’hui veut nous présenter la sainte famille comme un modèle à suivre, une famille normale avec ses peines, ses joies, ses amitiés, ses rejets, ses drames…

Marie et Joseph ont été de bons parents, de bons éducateurs et le Christ leur doit toute sa formation. Il restera toujours « le fils du charpentier ». « Il leur était soumis et grandissait en âge et en sagesse », entouré d’amour et de respect.

Jésus a appris de sa famille l’honnêteté, le respect des autres, la sincérité, le civisme, la foi, la prière, la justice, l’amour, l’esprit de service et la joie de vivre.

Aujourd’hui, la famille passe souvent au second rang… Ce sont les gouvernements, les pouvoirs publics, les systèmes scolaires et les médias qui contrôlent la croissance des jeunes… Il n’y a pas beaucoup de place pour la famille dans les programmes politiques. Nous oublions souvent que la société vaut ce que valent les familles qui la composent. Sophocle disait : « Ce qui est bon pour la famille est bon pour l’État. »

Notre façon d’être, de penser, d’agir, d’aimer, d’évaluer  les personnes et les situations, nous viennent en grande partie de nos parents.

Profitons de cette fête de la sainte famille et de la période de Noël pour redonner de l’importance à nos contacts familiaux.

« Nous aussi avons grandi, pris des forces, et développé une certaine sagesse au sein de notre famille. »