HOMELIE DU PERE XAVIER

Dimanche 28 août 2016

Vingt deuxième dimanche du Temps 0rdinaire – Année C

Mesurons nous bien l’honneur qui nous est fait de participer à l’Eucharistie ? En nous préparant pour venir à la messe dominicale et en faisant le chemin pour arriver jusqu’à l’église, avons-nous eu dans notre cœur le sentiment de venir à  ce qu’il y a de plus beau et de plus grand parmi tout ce que nous aurons à vivre pendant la semaine ?

A chaque fois que nous venons à la messe dominicale, les paroles de l’Epître aux hébreux, dans la deuxième lecture, se réalisent pour nous, en un certain sens : « Vous êtes venus vers la montagne de Sion et vers la ville du Dieu vivant ». Célébrer l’Eucharistie, ce n’est pas seulement se retrouver avec les paroissiens que nous connaissons et constituer avec eux une assemblée. Notre assemblée est beaucoup vaste, et elle est éblouissante de splendeur car, nous dit l’Epitre aux Hébreux, nous nous sommes approchés de «  myriades d’anges en fête et [de] l’assemblée des premiers nés dont les noms sont inscrits dans les cieux ». Lors de la messe, en effet, il n’y a pas seulement ceux que nous voyons, nos voisins dans les bancs, le prêtre et les servants autour de l’autel. Il y a aussi tous ceux que nous ne voyons pas et qui sont véritablement avec nous, ces « myriades d’anges en fête » et cette assemblée des saints. Eux tous sont avec nous, nous qui sommes venus « vers Dieu, le juge de tous [et] vers Jésus, le médiateur d’une alliance nouvelle ».

Oui, vraiment, quel grand honneur pour nous de participer à l’Eucharistie parce que le Seigneur nous y a invités. Nous ne sommes pas à l’Eucharistie, à la messe, parce que nous le méritons. Ce n’est pas parce que nous sommes  ou serions, des gens méritants que nous nous trouvons rassemblés à l’église. Le Seigneur n’a pas dit, avant que nous arrivions à l’église: « Voici des gens qui méritent que je me donne à eux dans l’Eucharistie. Je vais les rassembler aujourd’hui à l’église car se sont de braves gens méritants ». Non, ce n’est pas ce qu’Il a dit. Ce qu’Il a dit, en posant son regard bienveillant sur chacun de nous, c’est: « Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs » (Mt9,13). C’est aussi : « Allez sur les places et dans les rues, et faites venir ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux » (Lc14,21). Nous sommes, nous, ces pauvres, ces estropiés, aveugles et boiteux. Le Seigneur nous appelle, nous invite, non pas en regardant si nous sommes des gens comme il faut, mais par une pure grâce. Nous ne méritons rien, nous ne méritons pas d’être ici, à la messe, avec les anges et les saints. Nous ne méritons pas notre place, il faut que nous en soyons conscients. Et pourtant, le Seigneur est tellement heureux de nous avoir choisis, appelés, invités. Il nous veut avec lui, auprès de lui. Si nous prenons conscience que notre vie avec le Seigneur nous est donnée par pure grâce, si nous réfléchissons souvent au fait que notre vie chrétienne nous est donnée, alors nous ne serons pas des gens avec une mentalité revendicatrice dans l’Eglise. Alors, nous ne chercherons pas à entrer dans des querelles de pouvoir dans l’Eglise. Personne n’a rien à revendiquer.

L’attitude juste de tout chrétien dans l’église, c’est celle des mains ouvertes pour recevoir, et pas des mains qui veulent attraper quelque chose pour l’amener à soi, et encore moins des poings qui se dressent. Il n’y a qu’une seule attitude pour les chrétiens : celle de l’humilité, et jésus nous l’enseigne dans l’Evangile. Quand le chrétien n’est plus sur le chemin de l’humilité, alors il offre au monde une image pervertie de ce qu’il est, puisque ce qu’il, il l’a reçu et ne se l’est pas accaparé. Ce qu’il est ? Il est un invité, invité aux noces de l’Agneau. Un invité peut-il revendiquer quelque chose chez celui qui l’invite ? Un invité ne peut être que reconnaissant d’avoir été invité. « Quand quelqu’un t’invite à des noces… » dit Jésus. Lorsqu’Il s’exprime ainsi, Il s’adresse à chacun de nous pour que chacun se rende bien compte qu’il se trouve dans cette situation : chacun a été invité à des noces, et il y a « quelqu’un » qui a invité. Les noces, ce sont celles de notre Seigneur avec son Eglise. Où ces noces ont-elles été célébrées ? Sur la croix. Là Jésus s’est donné, s’est complétement donné pour celle qu’il aime, son Eglise. « Le Christ a aimé l’Eglise : Il s’est livré pour elle » (Ep5, 25) nous dit saint Paul. Le Christ a célébré des noces de sang sur la croix. Ce sont des noces dans lesquelles l’Epoux s’est tellement anéanti pour son Epouse ! En voyant cela, en le contemplant, toi, chrétien, tu ne peux prendre que le chemin de l’humilité, toi qui es à la fois l’invité à ces noces, et en même temps qui te trouves dans l’Epouse puisque tu fais partie de l’Eglise, et que l’Eglise est l’Epouse du Christ. L’humilité est déconsidérée par la société, elle est même moquée. Une personne humble est vue comme quelqu’un qui a renoncé à être elle-même, qui a renoncé à s’affirmer, qui est faible, craintive, qui n’a rien à dire au monde. Or, la véritable force en ce monde se trouve chez cette personne humble. Pourquoi ? Parce qu’elle est dans la vérité. La personne humble est celle qui se voit à sa juste place, qui n’a pas l’arrogance de se mettre au-dessus, qui ne se voit pas non plus comme n’étant rien, ne valant rien. La personne humble accueille la place que Dieu lui a donnée, accueille tout ce qu’elle est et dit, avec saint Paul : « Ce que je suis, je le dois à la grâce de Dieu » (1Co15,10). « L’humilité, c’est la vérité » disait sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Alors, on peut vivre dans une grande paix intérieure, délivré de tout souci en ce qui concerne le regard des autres sur soi-même, puisqu’alors une seule chose importe : vivre de manière juste sous le regard de Dieu. Quelle force pour marcher sur les routes chaotiques de l’existence !

L’humilité est la vertu des vrais priants. Tous ceux qui prient, qui prient de tout leur cœur, même si leur prière leur semble pauvre, bancale, sèche, tous ceux-là ne peuvent être que des personnes humbles car elles vivent sous le regard de Dieu où elles se situent en vérité. Une personne qui n’est pas humble est une personne qui ne prie pas, ou qui prie tout en se cachant de Dieu, qui ne veut pas que la lumière de Dieu inonde tout son être. Cette personne est plus soucieuse d’elle-même que de Dieu.

Apprenons de Jésus le chemin de l’humilité. C’est un chemin où tout est pur et clair, un chemin de simplicité qui mène tout droit au Cœur de Dieu. C’est le chemin des saints. Amen