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HOMELIE DU PAPE FRANCOIS POUR LA CANONISATION DE 35 BIENHEUREUX

Sans amour, la vie chrétienne devient « une morale impossible »

 

(Extrait d’un article de L’Osservatore Romano)

« Aujourd’hui, ce Dieu, qui ne perd jamais l’espérance, nous entraîne à faire comme lui, à vivre selon l’amour véritable, à dépasser la résignation et les caprices de notre moi susceptible et paresseux », a déclaré le pape François en célébrant la messe de canonisation de 35 bienheureux, ce 15 octobre 2017, place Saint-Pierre. Le pape a invité à se demander si l’on est « du côté du moi ou du côté de Dieu », mettant en garde contre les commodités et la routine qui éloignent de l’amour. « Si l’amour se perd, a-t-il prévenu, la vie chrétienne devient stérile, devient un corps sans âme, une morale impossible, un ensemble de principes et de lois à faire cadrer sans un pourquoi »…/…

La vie chrétienne, a souligné le pape dans son homélie, est « une histoire d’amour avec Dieu ». Il a invité à se demander « si, au moins une fois par jour, nous confessons au Seigneur notre amour pour Lui; si nous nous souvenons, parmi tant de paroles, de lui dire chaque jour: “Je t’aime Seigneur. Tu es ma vie” ». Et d’évoquer le « danger » : « une vie chrétienne de routine, où on se contente de la “normalité”, sans élan, sans enthousiasme, et avec la mémoire courte ».

Pour le pape, on s’éloigne de l’amour, « non par méchanceté, mais parce qu’on préfère ce qui est à soi: les sécurités, l’auto-affirmation, les commodités… Alors on s’étend sur les fauteuils des gains, des plaisirs, de quelque hobby qui rend un peu joyeux mais ainsi on vieillit vite et mal, parce qu’on vieillit à l’intérieur : quand le cœur ne se dilate pas, il se ferme. Et quand tout dépend du ‘moi’ – de ce qui me va, de ce qui me sert, de ce que je veux – on devient également rigides et méchants, on réagit de mauvaise manière pour un rien ».

« Dieu est le contraire de l’égoïsme, de l’auto-référentialité, a insisté le pape… Devant les “non”, il ne claque pas la porte, mais il inclut encore davantage. Devant les injustices subies, Dieu répond par un amour encore plus grand… Alors qu’il souffre à cause de nos “non”, Dieu continue au contraire de relancer, il continue de préparer le bien même pour celui qui fait le mal. Parce qu’ainsi fait l’amour; parce que seulement ainsi il vainc le mal. »

Lire l’intégralité de l’article en cliquant sur:

https://fr.zenit.org/articles/depasser-les-caprices-de-notre-moi-susceptible-et-paresseux/

 

 

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HOMÉLIE DOMINICALE

Dimanche 15 octobre 2017

28ème Dimanche du Temps ordinaire

(Homélie du père Michel Yvon Allard, directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.)

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Le Royaume des cieux est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils

Dans le texte d’aujourd’hui, Matthieu nous présente deux paraboles de Jésus, l’une à la suite de l’autre : celle du banquet de noces et celle du vêtement de fête. Chacune d’elles éclaire un aspect important du Royaume de Dieu.

Pour ce qui est de la colère du roi, à la fin de la première parabole (les troupes qui font périr et brûlent la ville), il est clair que Matthieu avait en tête les événements tragiques qui s’étaient passés peu de temps avant la rédaction de son évangile : la révolte juive contre l’empire romain et la destruction du temple et de la ville de Jérusalem par les troupes de Titus en 70. Des milliers de Juifs furent massacrés et ce fut la fin de l’État d’Israël qui ne renaîtra que 19 siècles plus tard, en 1948.

Le Royaume de Dieu n’est pas une société de gens parfaits, mais de pécheurs pardonnés.

  • La première parabole nous rappelle que la rencontre avec Dieu est une grande fête. Le banquet est signe d’amitié et la porte est ouverte à tous : «ils rassembleront tous ceux qu’ils rencontreront, les mauvais et les bons». Personne ne peut dire: «Moi je ne suis pas digne, je ne suis pas invité». La séparation entre les bons et les mauvais est disparue. Toutes les barrières tombent : «Allez aux croisées des chemins et invitez tous ceux que vous rencontrerez». Comme le dit si bien S. Paul : «dans la maison du Père, il n’y a ni Grec ni de Juif, ni circoncis ni incirconcis, ni homme ni femme, ni barbare ni Scythe, ni esclave ni homme libre»… Blancs et noirs, chrétiens et musulmans, jeunes et vieux, hommes et femmes, riches et pauvres… tous sont invités. Dans l’antiquité, un repas de fête était très exclusif. Seuls les membres de la famille ou du clan étaient invités. Le fait que les premiers chrétiens accueillaient tout le monde à l’eucharistie et à l’agapè, que l’esclave était assis à la même table que le propriétaire foncier, que les pauvres et les riches, les hommes et les femmes partageaient le même repas, soulevait de sérieux problèmes que l’on retrouve dans les Actes des apôtres et dans les lettres de Saint Paul. La parabole est claire : le roi invite tout le monde. Le Royaume de Dieu n’est pas une société de gens parfaits, mais de pécheurs pardonnés. La discrimination et l’apartheid n’existent plus. Dans le rituel de l’eucharistie, il y a une très belle formule qui nous est répétée avant chaque communion : «Heureux sommes nous d’être les invités au repas du Seigneur…» Grand nombre de chrétiens ignorent cette invitation, par indifférence, ou parce qu’ils sont trop occupés. D’autres contestent l’offre avec agressivité. Ils sont contre ceux qui vont à l’église, contre le clergé, contre la religion en général. Jésus dépeint ici ces deux catégories de personnes. Aujourd’hui encore, nous retrouvons ces mêmes groupes de personnes. Il suffit de donner quelques exemples sous les mots de jadis : «comment voulez-­vous que j’aille à la messe? Je n’ai que mon dimanche pour jouer au golf ou au tennis. C’est le jour où nous partons en voyage. C’est ma journée de bricolage. Et puis, j’ai mes devoirs à faire et mes examens à préparer …» Ensuite, il y a ceux et celles qui attaquent les religions comme des «organismes de grande noirceur» et qui ne croient qu’à leur propre religion laïque.
  • La deuxième parabole, celle du vêtement de noces, est  bien différente de la première. Dieu continue à inviter mais il demande notre participation : il veut des partenaires actifs qui participent à la construction du Royaume de Dieu. Le vêtement de fête fait partie de toutes les civilisations. Partout dans la Bible nous retrouvons des traces de ce vêtement bien spécial. Dans l’histoire de l’enfant prodigue, par exemple, le père donne de nouveaux vêtements à son fils qui rentre au foyer. Dans l’Église des premiers siècles, les nouveaux baptisés revêtaient un vêtement blanc pendant une semaine entière, symbole d’une vie nouvelle. Cette longue tradition de vêtements de fête est transmise par les jeunes mariés, par l’enfant présenté aux fonts baptismaux, par les étudiants qui célèbrent l’obtention de leurs diplômes, etc. Comme vêtements de fête, saint Paul nous fait une belle suggestion : «Comme des élus de Dieu, mes bien-aimés, revêtez le vêtement d’amour et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. Supportez-vous les uns les autres. Pardonnez-vous l’un à l’autre comme le Christ vous a pardonné. A votre tour, placez par-dessus tout la charité, ce lien parfait.» (Colossiens 3, 12-15) Ou encore, dans sa lettre aux Éphésiens : «Dépouillez-vous du vieil homme… et revêtez l’homme nouveau, créé selon Dieu, dans la justice et la sainteté de la vérité» (Éphésiens 4, 22-24). Cette deuxième parabole nous rappelle que le salut n’est jamais automatique: il faut répondre à l’invitation de Dieu en nous transformant, en nous convertissant. L’invité au banquet, qui n’avait pas de vêtement de fête, ne pouvait donc participer car il lui manquait une disposition fondamentale : l’âme festive et l’esprit de service. La parabole du retour de l’enfant prodigue nous aide à comprendre cette référence au vêtement de noces. Le fils aîné qui revient des champs et entend la musique de la fête est furieux contre son frère et contre son père. Il refuse d’entrer et le père sort pour l’inviter à la fête. Ce fils n’est pas prêt à participer à la célébration, il n’a pas encore revêtu le vêtement de fête !


HOMÉLIE DOMINICALE

Dimanche 8 octobre 2017

27ème Dimanche du Temps ordinaire

(Homélie du père Michel Yvon Allard, directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.)

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Un homme confia sa vigne à des vignerons

Dans la Bible, la vigne est symbole de bien-être, de prospérité et de paix. C’est un lieu de bonheur où l’alliance entre Dieu et l’être humain est vécue à plein. Lorsque les gens se souviennent d’une période de tranquillité et de paix, ils évoquent la vigne : «Il y avait la paix sur toutes les frontières alentour. Juda et Israël habitèrent en sécurité chacun sous sa vigne et sous son figuier, depuis Dan jusqu’à Bersabée, pendant toute la vie de Salomon.» (1 Roi 5, 5) «Ils briseront leurs épées pour en faire des socs et leurs lances pour en faire des serpes. On ne lèvera plus l’épée nation contre nation, on n’apprendra plus à faire la guerre. Mais chacun restera assis sous sa vigne et sous son figuier, sans personne pour l’inquiéter.» (Michée 4, 3-4) Les fruits de nos talents et de nos efforts, le temps qui nous est donné, l’argent et les biens que nous possédons, tout cela doit servir au bien-être de tous. Lorsque le Christ mentionne la vigne, on s’attend donc à une histoire de paix et de prospérité. Mais dans le texte d’aujourd’hui, les responsables de la vigne ne pensent qu’à tuer pour s’emparer d’un bien qui ne leur appartient pas.

Le premier élément important de cette histoire, c’est que Dieu nous met en charge, nous confie sa vigne. Il veut que nous soyons ses partenaires. Il est donc bon de se demander ce que nous faisons de la vigne du Seigneur. Qu’est ce qui arrive au monde que Dieu nous a confié ? Qu’en est-il de la paix entre les nations, de la distribution des biens de la terre, du réchauffement climatique, de la déforestation, des pluies acides, de la disparition de nombreuses espèces animales ? Ce sont des questions pertinentes pour chacun et chacune d’entre nous responsables de notre terre. Notre qualité de vie est affectée par tous ces problèmes.

 Comme dans la parabole d’aujourd’hui, nous pouvons croire que nous sommes les propriétaires du monde qui nous est confié et tout faire pour garder les fruits pour nous-mêmes d’une manière égoïste, sans penser aux autres et sans nous préoccuper de ce que nous laisserons aux générations suivantes.

 Plusieurs croient qu’en se débarrassant de Dieu, la vigne leur appartiendra. C’est ce que firent Adam et Ève qui suivirent le conseil du serpent : «Vous serez comme Dieu… vous prendrez la place de Dieu… vous serez des dieux.» Nombreux sont ceux qui sont convaincus que Dieu est encombrant, qu’ils n’ont pas besoin de lui. Il n’a pas sa place dans la vie publique, dans le monde de la politique et des affaires. L’évangile de son côté nous révèle que plus Dieu sera présent, plus nous serons en mesure de créer un monde de paix, de fraternité et d’amour.

 Dans la parabole des vignerons, Dieu nous invite à être responsables afin de construire un monde meilleur. Cette responsabilité ne regarde pas seulement les gouvernements et les chefs de communautés mais aussi chacun de nous. Dieu nous confie notre famille, nos enfants et nos petits-enfants, notre monde du travail et celui des loisirs. Nous devrons rendre compte de notre gestion. Les fruits de nos talents et de nos efforts, le temps qui nous est donné, l’argent et les biens que nous possédons, tout cela doit servir au bien-être de tous.

 Le péché des vignerons de la parabole, c’est de vouloir s’approprier les fruits qui ne leur appartiennent pas. Ils veulent gérer la terre à leur seul profit et bénéfice. En réfléchissant sur ce qui se passe dans notre monde d’aujourd’hui, nous nous rendons compte que depuis le temps de Jésus, aucun progrès n’a été fait sur le plan de l’égoïsme et de l’irresponsabilité ! Rien de nouveau sous le soleil !

Le message de la parabole d’aujourd’hui, c’est que Dieu nous a confié le monde dans lequel nous vivons, pour le bien de tous. C’est à nous de répondre à cette invitation avec tous les talents que nous avons reçus.



OBSÈQUES DE MAURANE ET LAURA – HOMÉLIE

Ils tuent pour plaire à Allah

Texte de l’homélie de Mgr Pontier prononcé aux obsèques de Mauranne et Laura, assassinées sauvagement par un de ces fous qui se réclament de Dieu.

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« Chers parents et vous les sœurs et les frères de Mauranne et de Laura, vous leurs familles, leurs amis les plus proches, vos cœurs sont blessés, brisés depuis ce moment de la journée de dimanche où vous avez appris l’horrible drame qui venait de se passer sur le parvis de la gare Saint Charles. Et depuis, quelque chose qui ressemble à ce qu’écrivait l’auteur du livre des Lamentations peut évoquer ce que vous vivez : « J’ai oublié le bonheur, la paix a déserté mon âme ! »

Et nous qui sommes autour de vous, nombreux, très nombreux, nous voudrions prendre une part de votre fardeau pour qu’il soit moins lourd pour vous. Nous savons que le plus lourd demeure pour vous, comme une de ces blessures qui ne se referment jamais totalement. L’assassinat de Mauranne et de Laura restera comme un événement incompréhensible, révoltant, odieux, infiniment douloureux. Vous n’êtes pas seuls. Les étudiants et bien d’autres ont voulu se retrouver pour proclamer la force de l’amitié et de la fraternité.

« J’ai oublié le bonheur, la paix a déserté mon âme ! » Je ne suis pas le mieux placé pour évoquer le bonheur vécu avec et grâce à Mauranne et Laura. Vous, vous le connaissez. C’est votre histoire. Vous l’évoquez et vous l’évoquerez souvent, j’en suis sûr. Cela aide à vivre et puis c’est la vérité. Leur complicité était belle. Leurs riches personnalités rayonnaient. Elles étaient ouvertes aux autres et savaient se donner, au centre aéré ou dans le scoutisme. Elles se préparaient pour soigner et soutenir les malades. Elles étaient du côté de la vie. Nous osons y penser avec bonheur ce matin. Elles ont donné de la joie de vivre et elles en ont reçu. Dans la foi qui est la nôtre, nous rendons grâce pour ces années de bonheur interrompues trop tôt. Nous sentons bien que Dieu nous a appelés à la vie pour cela : se donner de la vie, de l’amour, du soutien, du bonheur.

Et nous sommes effarés, sidérés de voir qu’il y a sur notre terre aujourd’hui des personnes qui ne supportent pas que d’autres vivent dans le bonheur, le bonheur simple des vies données les uns pour les autres. Ils détruisent, ils tuent. Ils tuent sauvagement. Puis ils se tuent pour plaire à Dieu ! Ça n’a pas de sens ! C’est une escroquerie de crier le nom de Dieu au moment où on tue ses enfants.

Alors nous comprenons d’une manière renouvelée ce cri du Christ : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et moi, je vous procurerai le repos (*). » Non seulement nous le comprenons, mais nous en avons besoin. Nous avons besoin de Celui qui pourra redonner vie, redonner sens à tous ces fardeaux que la vie d’ici-bas nous inflige. Et nous sommes touchés que Celui qui dit cela soit Celui qui lui-même connaîtra la mort ignoble et injuste de la Croix. Il est venu pour cela : pour ouvrir une brèche de lumière et de vie dans les ténèbres de l’absurde et de la mort. Il est venu vers ses disciples au-delà de la mort pour que se poursuive ce lien d’amour et de vie qu’un instant la cruauté des hommes venait de couper

Ils ont expérimenté que la mort ne détruit pas toute présence et qu’une communion de cœur, faite de pensée, d’amour et d’espérance nous est donnée, nous est possible jusqu’au jour où Celui qui nous a fait pour la vie nous rassemblera en Lui. Oui, vraiment l’amour ne meurt jamais. Celui de Dieu pour nous, c’est notre foi. Elle se fonde sur la mort et la résurrection du Christ pour nous et pour la multitude. Nous proclamons cette foi : Le Dieu des vivants ne laissera pas dans la mort Mauranne et Laura. Leurs noms sont inscrits dans son cœur.

Oh mes amis, osez entendre le Christ vous murmurer dans cette épreuve : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et moi, je vous procurerai le repos, car je suis doux et humble de cœur. (*)»

Et nous autres qui sommes si nombreux ici, soyons des amis de la paix, des amis de la vie. Que nos paroles et nos gestes de joies et de solidarité fassent taire les cris de haine et de violence qui ne portent que la mort.

Vierge Marie, toi qui as pleuré au pied de la croix de ton fils, essuie nos larmes. Fais-nous sentir ta tendresse et ta présence réconfortantes.

Amen

(*) ndlr: Evangile selon St Matthieu ch 11-28)



INTENTION DE PRIÈRE DU PAPE FRANCOIS POUR OCTOBRE 2017

Respecter la dignité et les droits des travailleurs

(Extrait d’un article de Marina Droujinina pour Zenit.org )

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 « Toujours respecter la dignité et les droits des travailleurs, dénoncer les situations dans lesquelles ces droits sont menacés, et œuvrer au progrès authentique de l’homme et de la société »: c’est l’appel du pape François dans la vidéo de présentation de son intention de prière pour le mois d’octobre 2017 diffusée par le Réseau mondial de prière du pape.

« Prions pour le monde du travail afin que le respect et la sauvegarde des droits soient assurés à tous », demande le pape. Son attention particulière va aux personnes sans travail : il souhaite « que soit donnée aux chômeurs la possibilité de contribuer avec un emploi à l’édification du bien commun ».

En s’adressant aux représentants du monde du travail à Bologne, le 1er octobre 2017, le pape François a souligné qu’« on n’offre pas d’aide véritable aux pauvres sans qu’ils puissent trouver travail et dignité ».

Enfin, le Saint Père a ajouté : « La situation du chômage des jeunes et celle de tous ceux qui ont perdu leur travail et ne parviennent pas à se réinsérer sont des réalités auxquelles nous ne pouvons pas nous habituer, en les traitant comme s’il s’agissait seulement de statistiques. »



HOMÉLIE DOMINICALE

25ème Dimanche du Temps Ordinaire

24 septembre 2017

(Homélie du père Yvon Michel Allard, directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.)

Allez vous aussi à ma vigne

Pendant trois dimanches consécutifs, nous entendrons trois paraboles de Jésus sur la vigne. Le Christ nous propose aujourd’hui celle des travailleurs embauchés tout au long de la journée, dimanche prochain celle des deux fils à qui le père demande d’aller travailler à sa vigne, et le dimanche suivant, la parabole des ouvriers qui veulent s’emparer de la vigne.

La parabole d’aujourd’hui commence très tôt le matin, sur la place publique d’un village de Palestine. Il s’agit d’une scène que l’on retrouve encore aujourd’hui dans certaines villes et villages de la planète. Les «journaliers» sont là, attendant qu’on les embauche. Je me souviens, lorsque je travaillais au Mexique, je voyais souvent, tôt le matin, sur la place centrale de la ville de Mexico, des dizaines de personnes autour de la cathédrale, attendant qu’on fasse appel à leur service. Chacun arborait sa petite pancarte : plombier, électricien, peintre, menuisier, cuisinière, femme de ménage, etc. Ces gens qui vivaient au jour le jour, de façon très précaire, espéraient que quelqu’un leur donne du travail : «Pourquoi restez-vous là, sans rien faire?», demande Jésus. «Parce que personne ne nous a embauchés».

Le problème du manque de travail est l’une des plaies de notre siècle. Dans les pays industrialisés, des millions de postes de travail ont été supprimés ces dernières années. À travers le monde, la moitié de la population n’a pas de travail fixe et doit survivre avec un salaire de famine d’un ou deux dollars par jour. La parabole des ouvriers de la vigne nous rappelle ce problème permanent.

Le Christ souligne ici trois points importants :

  • Premièrement, tous sont invités à travailler dans la vigne du Seigneur. Dans cette vigne, il n’y a pas de chômage et il n’est jamais trop tard pour répondre à l’invitation de Jésus.
  • Ensuite, à l’heure de la paye, nous sommes assurés que le Seigneur nous donnera un salaire équitable et généreux : «Allez à ma vigne et je vous donnerai ce qui est juste».
  • Finalement, et c’est probablement le point et le plus important, même si nous n’avons pas travaillé toute la journée – à cause des circonstances de la vie, ou encore par négligence, insouciance ou manque d’intérêt -, le Seigneur continue à nous inviter. Nous ne sommes jamais trop âgés pour reprendre le travail ou pour nous joindre aux autres travailleurs.

Si nous n’avons pas toujours été très vaillants au cours de notre vie, nous avons de bonnes chances de devenir nous aussi des ouvriers de la dernière heure. Lorsque les rides s’accentuent sur notre visage, lorsque la fatigue et la faiblesse s’emparent de nous, lorsque notre soleil est sur le point de disparaître à l’horizon, le Seigneur nous redonne confiance et nous invite à nouveau : «allez-vous aussi à ma vigne».

Nous qui pensions être des ouvriers de la première heure, nous nous rendons compte que nous n’avons pas fait grand-chose jusqu’ici. Avec humilité, nous devons nous ranger parmi les ouvriers de la fin du jour, à côté des fainéants et des pécheurs, conscients d’avoir fait si peu au cours de notre vie, mais comptant sur la miséricorde et la bonté de Dieu. Le matin, le midi ou le soir de notre vie, le Seigneur nous invite à sa vigne et nous promet un salaire juste et équitable. Cette parabole de Jésus met en évidence la comptabilité de Dieu face à notre comptabilité souvent mesquine. Il n’y a pas de prime d’ancienneté dans la vigne du Seigneur mais il y a toujours un salaire généreux à la fin de la journée.

Pour Dieu, nous ne sommes ni des mercenaires, ni des employés, mais des amis: «Mon ami, faut-il que tu sois jaloux parce que je suis bon ?» L’amitié, la tendresse et l’amour guident le comportement du Seigneur. S’il agissait selon notre mentalité mercantile, le journalier qui n’a travaillé qu’une heure retournerait à la maison les mains presque vides et ne pourrait nourrir sa famille. Dieu a donc pitié de lui, de sa femme et de ses enfants. Il ne s’agit pas de justice distributive mais de générosité gratuite. «Vas-tu regarder avec un œil mauvais parce que je suis bon ?» Notre Dieu est un  Dieu qui répand ses bienfaits à profusion, qui «appelle» et «invite» à toute heure, à tout âge, dans toutes les situations…

Il y a des chrétiens qui croient que la religion c’est ce que nous faisons pour Dieu. En fait,  la religion c’est en ce que Dieu fait pour nous. Dieu accueille l’enfant prodigue, recherche la brebis perdue, donne une autre chance au figuier qui ne porte pas de fruits, ouvre le paradis au bon larron, mange avec les publicains et les pécheurs, engage la conversation avec la Samaritaine, réintègre Marie-Madeleine à la communauté, protège la femme adultère, sort les lépreux de leur isolement, pardonne à Pierre après son reniement, choisi Paul de Tarse, le persécuteur, etc., etc.

Nous sommes invités nous aussi à entrer dans la vigne du Seigneur, lieu de bonheur et d’alliance avec Dieu et avec les autres, symbole de la bonté et de la générosité de Dieu : « Allez vous aussi à ma vigne »



HOMELIE DOMINICALE

24ème dimanche du Temps Ordinaire

17 septembre 2017

(Homélie du père Charles André Sohier, prêtre ermite )

Rancœur et colère

Nous voici en terre hélas bien familière. La rancune est une plante bien enracinée dont les fruits sont la colère et la vengeance. Griefs des gouvernants et des nations qui se traduisent en oppressions et en guerres.

Cette rage de faire payer au centuple l’offense ou le tort, parfois imaginaire d’ailleurs, habite tout autant le cœur des individus. Pour un problème de clôture, c’est la tension. Un arbre coupé suffit à ruiner des années d’amitié. Des affaires d’héritage transforment un deuil familial en affrontements destructeurs. « Il est des choses qui sont impardonnables et qu’on n’oubliera pas », disent les gens.

Deux siècles avant Jésus, le sage Ben Sirac prend le contre-pied de ces haines suicidaires. « Rancune et colère, voilà des choses abominables où le pécheur s’obstine… Pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait ; alors, à ta prière, tes péchés seront remis… Pense à ta mort… ne garde pas rancune… et oublie l’erreur de ton prochain » C’est pure sagesse et c’est pure logique : si on demande à Dieu le pardon de ses péchés, il faut, en retour, agir de même à l’égard de ses frères.

C’est aussi, tout simplement une exigence de survie. Si l’humanité s’enfonce dans la spirale de la violence, des représailles et des contre-représailles, elle se retrouve très vite devant une impasse. Tant que nous subissons le mal, il n’entre pas en nous. Mais si nous le perpétrons en riposte, alors nous le laissons nous atteindre. C’est tout aussi vrai dans notre vie privée. Celui qui persiste dans le refus du pardon devient malade.

La seule manière d’arrêter le mal, c’est de désarmer, c’est de pardonner. Ceux qui pardonnent sont des êtres blessés, au plus intime d’eux-mêmes. Ce sont des victimes de coups, des conjoints bafoués dans leur amour, des parents abandonnés par leurs enfants… Longtemps, ils se sont dit qu’ils ne « pourraient jamais » pardonner. Un jour, après bien des tempêtes intérieures, ils ont pardonné. Ils ne veulent plus de mal à ceux qui leur en ont fait. Ils arrêtent à eux-mêmes la violence subie. Ils ont fait plus que donner : ils ont pardonné. Et un jour, il leur sera donné la grâce de sentir le pardon rayonner jusque dans leur sensibilité meurtrie. Ils libèrent l’avenir, alors que le passé les enfermait dans la souffrance.

« Combien de fois dois-je lui pardonner ? » Pierre croit entrer largement dans l’esprit de Jésus en proposant sept fois. Les rabbins ne proposaient-ils pas d’aller jusqu’à trois fois ? La réponse de Jésus est claire. Il n’y a pas de limites. La parabole du débiteur impitoyable nous montre combien nous sommes tous débiteurs à l’égard de Dieu. Le Père nous pardonne parce qu’il aime. De même l’homme doit pardonner à son frère sans calculer. Jésus, par là, ouvre un climat neuf dans les relations entre les personnes et les peuples : « 70 fois 7 fois » !



AUDIENCE GENERALE-MESSAGE DU PAPE FRANCOIS AUX FRANCOPHONES

( Article d’Anita Bourdin pour Zenit.fr)

« Faire chaque jour le premier pas »

« Je suis heureux de saluer les pèlerins venus de France, du Congo, et en particulier les membres du Comité Inter Diocésain du Sénégal avec Mgr Mamba, Evêque de Ziguinchor », a dit le pape François en italien (traduit ensuite par un collaborateur), à l’adresse des francophones présents à l’audience générale de ce mercredi 13 septembre 2017, place Saint-Pierre.

          Audience générale du 13 septembre 2017

Faisant allusion au thème de son voyage en Colombie – « Faisons le premier pas » -, le pape a exprimé de vœu: « Que la Vierge Marie nous aide, nous aussi, à faire chaque jour le premier pas pour construire ensemble la paix dans l’amour, la justice et la vérité. Que Dieu vous bénisse ! »



HOMÉLIE DU PAPE FRANCOIS A CARTAGENA (COLOMBIE)

Colombie: «A la culture de la mort, de la violence, répondons par la culture de la vie, de la rencontre»

« A la culture de la mort, de la violence, répondons par la culture de la vie, de la rencontre », a exhorté le pape François lors de la messe dominicale, ce 10 septembre 2017, à Cartagena, au cinquième et dernier jour de son voyage en Colombie, sur le thème : « Dignité de la personne et droits de l’homme ».

           Messe à Cartagena 10/09/2017, capture CTV

Lire la traduction officielle des paroles du pape prononcées en espagnol, en cliquant sir le lien suivant:

https://fr.zenit.org/articles/colombie-a-la-culture-de-la-mort-de-la-violence-repondons-par-la-culture-de-la-vie-de-la-rencontre/



HOMÉLIE DOMINICALE

23 ème dimanche du Temps ordinaire

Dimanche 10 septembre 2017

(Homélie du père Abbé Jean Compazieu)

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La correction fraternelle

  • Les textes bibliques de ce jour veulent nous aider à mieux vivre en Église. Ils nous parlent de la correction fraternelle qui est une composante de la vie fraternelle. Dans la première lecture, nous lisons que le prophète Ézéchiel reçoit la mission de guetteur pour la Maison d’Israël. Dieu ne lui demande pas d’espionner ni de surveiller ses proches. Il lui demande simplement d’être attentif. Le vrai guetteur veille sur les autres, en particulier sur ceux qui risquent de s’orienter vers des chemins de perdition. La mission de l’Église, notre mission, n’est pas de se sauver mais de sauver le monde.
  • Dans sa lettre aux Romains, Saint Paul nous apporte un éclairage nouveau ; il nous parle de la dette de l’amour mutuel : « L’amour ne fait rien de mal au prochain. » C’est l’amour qui doit être au cœur de nos relations humaines, que ce soit dans l’Église ou dans la société. En nous disant cela, saint Paul sait de quoi il parle : dans un premier temps, il avait eu une attitude rigide et écrasante pour les autres ; il en était venu à être un persécuteur acharné des chrétiens. Ce qui l’a sauvé, c’est la découverte de l’amour miséricordieux du Christ Sauveur. Plus un amour est grand, plus on voit ce qui l’offense.
  • Dans son Évangile, saint Mattieu nous parle de la correction fraternelle à l’intérieur de la communauté des croyants. Il nous dit ce que nous devons faire quand un chrétien a mal agi. Jésus nous enseigne que si mon frère commet une faute contre moi, s’il m’offense, je dois faire preuve de charité envers lui. Je dois lui parler personnellement en lui expliquant que ce qu’il a fait n’est pas bien. Il ne s’agit pas de le corriger ni de lui faire la morale. Le Seigneur nous envoie vers lui pour témoigner de l’amour qui est en Dieu. Notre mission n’est pas d’épier le pécheur mais de lui montrer le chemin qui peut le sauver. Et s’il ne m’écoute pas, Jésus suggère une intervention progressive, d’abord deux ou trois personnes, puis la communauté de l’Église. « S’il n’écoute pas la communauté, considère-le comme le païen et le publicain. » Non, ce n’est pas la condamnation finale qui exclut le pécheur. C’est lui qui s’est mis en dehors. Mais la communauté va tout faire pour le porter dans sa prière et le ramener à Dieu. Nous connaissons tous la parabole de la brebis perdue. L’Évangile nous dit que son maître fait tout pour la retrouver. Notre mission c’est de participer activement à cette œuvre du Seigneur. Tout cela suppose une attitude de délicatesse, de prudence, d’humilité et d’attention à l’égard de celui qui a péché. Nous devons éviter les mots qui peuvent tuer ou blesser notre frère. Quand je dis du mal, quand je dis une critique injuste, quand j’écorche mon frère avec ma langue, cela signifie que je peux tuer la réputation de l’autre. C’est vrai, les paroles peuvent tuer. Nous devons tout faire pour éviter la clameur du fait divers et le commérage de la communauté. Le but c’est d’aider la personne à se rendre compte de ce qu’elle a fait : par sa faute, elle n’a pas seulement offensé une personne. C’est toute la communauté qui est éclaboussée par le contre témoignage qu’elle a donné. Mais nous devons faire preuve d’humilité en nous rappelant que nous aussi, nous sommes tous pécheurs. Nous avons tous besoin du pardon. La correction fraternelle est un service que nous pouvons nous rendre les uns aux autres. Nous en avons tous besoin car nous aussi, nous commettons souvent des erreurs. C’est pour cette raison qu’à chaque messe, nous sommes invités à reconnaître devant le Seigneur que nous sommes pécheurs. Nous le disons avec des mots et des gestes : « Prends pitié de nous, Seigneur« . Nous ne disons pas : « prends pitié de celui qui est à côté de moi parce qu’il est pécheur » mais « prends pitié de moi« . Nous sommes tous pécheurs et nous avons tous besoin du pardon du Seigneur. Et surtout, n’oublions pas cette parole de saint Paul : « Là où le péché a abondé, la miséricorde a surabondé« . Cet Évangile se termine par un appel à nous unir dans la prière. Quand nous sommes réunis en son nom, Jésus est là. Il est présent aujourd’hui dans l’Eucharistie qui nous rassemble. Il nous rejoint pour mettre son amour en nos cœurs. C’est avec lui que nous pourrons refaire la communion qui est cassée. Et surtout, n’oublions jamais que pour gagner tous ses frères, Jésus s’est donné jusqu’au bout, jusqu’à la mort sur une croix. Alors « aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur mais écoutons la voix du Seigneur. Amen