HOMÉLIE DOMINICALE

Homélie du Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

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Apparence et réalité

Au temps de Jésus, les scribes étaient les spécialistes et les interprètes officiels des saintes Écritures. Au terme de longues études, vers l’âge de 40 ans, ils étaient consacrés dans leur rôle et devenaient des conseillers officiels dans les décisions juridiques.

Face à ces experts qui n’ont jamais cessé de s’opposer à Jésus, le Seigneur fait une sévère mise en garde. C’est sa dernière prise de parole publique avant la Passion, à quelques semaines seulement de sa condamnation par le Sanhédrin où les scribes siègent en maîtres.

Le Christ accuse les scribes de se pavaner devant tout le monde et de rechercher les honneurs : «ils aiment sortir en robes solennelles et recherchent les salutations sur les places publiques, les premiers rangs dans les synagogues et les premières places dans les banquets…»

Ce désir de prestige et de reconnaissance publique contrastait de façon significative avec ce que le Christ demandait à ses disciples : «Que celui qui veut être le premier parmi vous se fasse le serviteur de tous

Jésus lui-même «enseignait avec autorité», nous dit l’évangile, mais il n’avait pas besoin de longues robes et de vêtements luxueux pour faire reconnaître sa compétence.

Il y a des chrétiens qui se scandalisent encore des efforts de l’Église contemporaine pour se dépouiller de tout apparat. Il faut pourtant reconnaître que cet effort, encore inachevé, correspond parfaitement à une exigence de Jésus. L’Église risque toujours de rechercher le prestige, les privilèges, les «robes solennelles», les titres ronflants  et les places d’honneur.

Le Christ s’adresse donc ce matin, non seulement aux chrétiens de Rome, pour qui Marc écrit son évangile, mais à l’Église de tous les temps. Il s’adresse aussi à chacun de nous. Nous sommes invités à nous regarder dans le miroir et à nous demander si parfois nous ne sommes pas comme ces scribes, pleins de vanité et d’hypocrisie.

La vanité se manifeste dans les vêtements, dans le désir d’avoir la plus belle voiture, la maison la plus riche, dans la recherche de privilèges et de passe-droits, dans le désir de recevoir des titres.

Nous avons souvent des exemples de cette vanité chez les gens de la «haute société» : ils s’attendent à toutes sortes d’égards spéciaux, parce qu’ils sont nés dans telle ou telle famille; les leaders politiques se payent des voyages de luxe, des restaurants de hautes gammes, des vacances de rêve, souvent aux frais des contribuables; les chefs religieux, dans notre Église et dans d’autres, se font donner des titres de grande noblesse et s’attendent à toutes sortes de privilèges et d’attentions spéciales à cause de leur position de prestige.

Dieu s’oppose aux orgueilleux pleinement satisfaits d’eux-mêmes : «J’écarterai de ton sein tes orgueilleux triomphants et tu cesseras de te pavaner sur ma montagne sainte. Je ne laisserai subsister en ton sein qu’un peuple humble et modeste, et c’est dans le nom de Yahvé que cherchera refuge le Reste d’Israël » (Sophonie 3, 11-13).

Il y a quelques années, Mère Teresa nous a donné un bel exemple de la simplicité évangélique. Nous l’avons vue visitant une école à Hong Kong. Elle portait par dessus son habit de religieuse, une espèce de vieux manteau gris et une paire de sandales de cuir usagés. Quelques semaines plus tard, elle se retrouvait en Inde pour y recevoir le Templeton Award de la Reine Élisabeth d’Angleterre. Les photographes montraient Mère Teresa félicitée par la Reine et portant le même habit de religieuse qu’elle avait portée dans l’école de Hong Kong, avec le même vieux manteau gris et les sandales de cuir usagés! Sa notoriété, comme celle de Jésus, ne venait pas de ses vêtements griffés, ni de titres honorifiques qu’elle avait achetés à grand prix.

Le Christ nous invite aujourd’hui à la cohérence. Ce n’est pas tout de nous dire chrétiens, il faut savoir vivre en disciples du Christ. Il nous invite au service : «Vous savez que ceux qu’on regarde comme les chefs des nations dominent sur elles en maîtres et que les grands leur font sentir leur pouvoir. Il ne doit pas en être ainsi parmi vous : au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, et celui qui voudra être le premier parmi vous, sera l’esclave de tous. Aussi bien, le Fils de l’homme lui-même n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude.»   (Marc 10, 42-45)

Soyons vrais, soyons simples, accueillants, ouverts aux autres, généreux avec notre temps, nos talents. Ce ne sont pas les longues robes, les vêtements de grands couturiers, les titres honorifiques qui comptent. Plus nous serons semblable au Christ, plus nous serons transparents, cohérents et vrais.

 Chez nous comme chez les autres, il est important de ne pas prendre les apparences pour la réalité.



LECTURES DOMINICALES COMMENTEES

Dimanche 11 novembre 2018

Trente-deuxième dimanche du temps ordinaire

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1ère LECTURE

Premier livre des Rois 17,10-16.

Le prophète Élie partit pour Sarepta, et il parvint à l’entrée de la ville. Une veuve ramassait du bois ; il l’appela et lui dit : « Veux-tu me puiser, avec ta cruche, un peu d’eau pour que je boive ? » Elle alla en puiser. Il lui dit encore : « Apporte-moi aussi un morceau de pain. » Elle répondit : « Je le jure par la vie du Seigneur ton Dieu : je n’ai pas de pain. J’ai seulement, dans une jarre, une poignée de farine, et un peu d’huile dans un vase. Je ramasse deux morceaux de bois, je rentre préparer pour moi et pour mon fils ce qui nous reste. Nous le mangerons, et puis nous mourrons. » Élie lui dit alors : « N’aie pas peur, va, fais ce que tu as dit. Mais d’abord cuis-moi une petite galette et apporte-la moi ; ensuite tu en feras pour toi et ton fils. Car ainsi parle le Seigneur, Dieu d’Israël : Jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se videra, jusqu’au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la terre. » La femme alla faire ce qu’Élie lui avait demandé, et pendant longtemps, le prophète, elle-même et son fils eurent à manger. Et la jarre de farine ne s’épuisa pas, et le vase d’huile ne se vida pas, ainsi que le Seigneur l’avait annoncé par l’intermédiaire d’Élie.

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PSAUME

Psaume 146(145),7.8-9a.9bc-10.

Le Seigneur fait justice aux opprimés ; aux affamés, il donne le pain ; le Seigneur délie les enchaînés.

Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, le Seigneur redresse les accablés, le Seigneur aime les justes, le Seigneur protège l’étranger. Il soutient la veuve et l’orphelin,

Il égare les pas du méchant. D’âge en âge, le Seigneur régnera : ton Dieu, ô Sion, pour toujours

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2ème LECTURE

Lettre aux Hébreux 9,24-28.

Le Christ n’est pas entré dans un sanctuaire fait de main d’homme, figure du sanctuaire véritable ; il est entré dans le ciel même, afin de se tenir maintenant pour nous devant la face de Dieu. Il n’a pas à s’offrir lui-même plusieurs fois, comme le grand prêtre qui, tous les ans, entrait dans le sanctuaire en offrant un sang qui n’était pas le sien ; car alors, le Christ aurait dû plusieurs fois souffrir la Passion depuis la fondation du monde. Mais en fait, c’est une fois pour toutes, à la fin des temps, qu’il s’est manifesté pour détruire le péché par son sacrifice. Et, comme le sort des hommes est de mourir une seule fois et puis d’être jugés, ainsi le Christ s’est-il offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude ; il apparaîtra une seconde fois, non plus à cause du péché, mais pour le salut de ceux qui l’attendent.

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ÉVANGILE

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 12,38-44.

En ce temps-là, dans son enseignement, Jésus disait : « Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques, les sièges d’honneur dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners.Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés. »

Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait comment la foule y mettait de l’argent. Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes. Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie. Jésus appela ses disciples et leur déclara : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »

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COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT

NOUS VOUS SOUHAITONS UN AGRÉABLE DIMANCHE